samedi 28 janvier 2012

Les plaignantes ont défilé à la barre et assuré que le docteur Capobianco les avait violées

Tous les avocats un peu madrés savent qu’avant de poser une question à un témoin, ils doivent en connaître la réponse. Ils savent également, ces robes noires, que, quand ils font citer un témoin à la barre, ils doivent impérativement être certains de sa fiabilité. Hier matin, à la barre des assises en appel, à Nancy, trois des quatre témoins cités par la défense du docteur Capobianco, accusé d’avoir drogué et violé neuf patientes, ont explosé comme des ballons de baudruche…
C’est tout d’abord cette patiente, qui, après avoir assuré que le prévenu était « un très bon médecin », a marqué un temps d’arrêt quand Me Florand lui a posé sa question rituelle, à laquelle les autres témoins de la défense, impeccables, avaient répondu par un « oui » franc et massif : « Si, demain, le docteur Capobianco ouvre un cabinet, est-ce que vous irez le consulter ? ». Réponse : « Je ne sais pas. Après tout ça, franchement, je ne sais pas… ».
Quelques minutes plus tard, Me Steyer, une avocate des parties civiles, demande à l’infirmière qui lui fait face : « Avez-vous reçu des confidences d’autres personnes qui ne sont pas partie civile ? ». « Oui… ».

Surpris près des douches au camping…

Dernière à venir défendre son actuel compagnon, qu’elle fréquente depuis le printemps 2009, Carole le décrit comme « agréable », « serviable ». Pour elle, qui l’appelle « le docteur Capobianco », ce dernier est « sain » et « non-agressif ».
Le portrait est flatteur jusqu’à l’imprévisible sortie de route, provoquée par Me Harquet, roué à souhait, qui souhaite parler de l’été 2009…
Le discours de Carole devient alors nettement moins assuré, presque chaotique. La compagne de Joël Capobianco sait en effet pertinemment que, là, il y a danger. Car, lors de cet été 2009, le praticien n’a non seulement pas respecté son contrôle judiciaire, ce qui lui vaudra quelques jours de détention, mais a surtout fait de nouveau parler de lui.
Surpris alors qu’il était accroupi près des douches du camping de Bouzey, à Sanchey (88), il a détalé comme un lapin. L’employé qui l’a pincé est formel : le médecin avait un appareil photo ou une caméra…
À la barre, Carole se tortille : « Il m’a dit que, comme il avait eu des problèmes de voyeurisme, il voulait vérifier qu’il n’avait plus de pulsions… ». Pour ce faire, Joël Capobianco aurait donc mimé l’acte de filmer avec un porte-feuille. On a vu plus crédible… Le parquet d’Épinal, qu’on a connu plus diligent dans les poursuites, classera sans suite.

« Il se délectait de ce qu’il allait faire… »

Les affaires du médecin ne sont pas arrangées l’après-midi avec les témoignages des plaignantes. Un après-midi de grande souffrance, avec des mains crispées sur la barre trempée par les larmes. Un après-midi avec un même dénominateur commun : une injection pour une petite intervention chirurgicale ou, le plus souvent, pour remédier aux problèmes psychologiques de ces femmes en dépression.
Elle fut la première à porter plainte, en 2005, 7 ans après les faits : Jessica avait 15 ans quand Joël Capobianco l’a opérée d’un kyste au pubis. Endormie, elle a repris conscience « trois ou quatre secondes ». « J’ai senti des mouvements rapides et brutaux derrière moi. Quelque chose me pénétrait. C’est quand il m’a fait la piqûre dans le bras gauche que j’ai compris ce qui allait m’arriver. Il a mis son regard dans le mien. Un regard d’un sadisme extrême. J’ai eu la peur de ma vie. Il se délectait de ce qu’il allait faire… ».
Lundi matin, Joël Capobianco, qui assure que ses accusations proviennent d’hallucinations provoquées par le Valium injecté, sera interrogé sur les faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle. Réquisitoire, plaidoiries de la défense et verdict mardi.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/01/28/un-apres-midi-de-souffrance

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