Il est des témoins qui ont plus de poids que d'autres. Comme le général Marc Mondoulet, le patron des gendarmes en Paca, que le juge Duchaine a entendu lui-même fin 2011. Une déposition qui sera un des axes de l’audition de Jean-Noël Guérini par le magistrat, prévue lundi et finalement reportée à aujourd’hui (1). Le militaire a raconté au juge comment en 2010, le président PS du Conseil général a tenté de faire pression sur lui : lors d'une entrevue "confidentielle" particulièrement tendue, il lui a demandé d’écarter le gendarme qui dirigeait l'enquête autour des sociétés de son frère.
Le 20 novembre 2010, Guérini et Mondoulet participent à l'inauguration de la caserne de Rousset, dans le pays d'Aix. À la demande du premier, les deux hommes s'isolent dans un bureau. "La première question que m'a posée le président en s'asseyant a été de me demander si le bureau ne comprenait aucun micro, rapporte le général. Un peu étonné par cette question, je lui ai assuré que le bureau était complètement 'propre'. Il m'a alors relaté les déboires de son frère Alexandre dans une affaire de malversations financières."
Deux bouteilles d'huile d'olive vierge, le cadeau de Guérini
Face au silence interloqué du général, le président du CG aurait alors, "sur un ton un peu plus pincé", nommément mis en cause le gendarme chargé de l'enquête. Selon Mondoulet, Guérini aurait lancé : "Je sais que cet officier a eu de nombreux contacts téléphoniques avec l'avocat de M. Muselier". Le général démentant tout lien entre l’enquêteur et l’élu UMP, le ton serait monté : "Il m'a affirmé de façon très péremptoire que le lieutenant a eu 47 contacts téléphoniques avec cet avocat et qu'il en a la preuve".
Dans la foulée, Jean-Noël Guérini aurait réclamé que soit changée l'équipe chargée de ce dossier, puis rappelé "l'effort financier" du CG pour la construction de nouvelles casernes. Le général indique l'avoir alors remercié pour "cet effort", histoire de couper court au face à face qui n'a pas duré plus de "cinq minutes" : "Nous nous sommes quittés et le président a immédiatement rejoint Marseille, non sans m'avoir offert deux bouteilles d'huile vierge. L'entretien s'est déroulé dans une intimité 'lourde', quasiment front contre front."
47 appels téléphoniques
Sans surprise, cette prise de bec n'est pas restée secrète longtemps, Jean-Noël Guérini l'ayant racontée à sa famille. C'est ainsi que placée en garde à vue, fin 2010, la compagne d'Alexandre Guérini a assuré qu'un des gendarmes avait "communiqué tout le dossier judiciaire à l'avocat de M. Muselier", par l'intermédiaire d'un expert judiciaire, parlant elle aussi de 47 appels téléphoniques : "Cela fait un an qu'Alexandre Guérini et moi-même faisons une enquête de notre côté, devait se vanter Jeannie Peretti. Nous avons suffisamment d'amis importants pour nous donner des informations."
Refusant de révéler ses "sources", elle a alors évoqué l'entrevue entre Jean-Noël Guérini et Marc Mondoulet. Lors de sa mise en examen, en septembre dernier, Jean-Noël Guérini en a dit un peu plus sur ces mystérieuses sources : demanière embrouillée, il a évoqué une lettre anonyme qu'il aurait reçue : "J'ai réagi car je sentais poindre un véritable complot politique". À ce jour, ce courrier n'aurait pas été transmis la justice.
(1) Il sera également confronté à son directeur de cabinet sur la destruction d’ordinateurs en novembre 2009
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/marseille-jean-noel-guerini-devant-le-juge-ce-matin
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