Là, avec cette voisine du dessus de vingt ans de moins que lui et qui lui accordait ses faveurs, il avait cru à l’embellie pour finir sa vie. « La preuve », soulignera la défense, « c’était la première fois qu’il présentait une femme à son fils et à son meilleur ami qu’il connaissait depuis plus de vingt ans. » Bref, elle était devenue sa passion. Mais il n’était pour elle qu’une passade. Et elle en aimait déjà un autre, celui qui lui envoyait les fameux SMS et à qui elle avait parlé d’Yvon Octau comme d’un « voisin qui lui rendait des services, comme garder les enfants ou les emmener à l’école ».
Passion, pulsion… Au second jour du procès, les experts psychologues et psychiatres ont expliqué par « l’angoisse de perte et d’abandon » le « court-circuit » qui s’est passé dans son esprit lorsqu’il a compris que leur brève histoire était finie. « La pulsion a pris le dessus sur la raison. L’alcool aidant, il a préféré annuler celle qu’il sentait partir plutôt que d’assumer sa perte. »
D’où la thèse du crime passionnel développée par la défense qui demandera au jury de « faire preuve d’une particulière clémence ».
Treize ans requis
De l’autre côté du prétoire, l’avocat général réfute cette théorie. « Le crime passionnel n’existe plus en droit français depuis 1975 », martèle-t-elle en parlant d’un « acte sidérant de froideur. Lorsqu’il a compris qu’elle allait le quitter, il s’est levé sans un mot, est allé chercher le fusil dans sa chambre et, à son retour, a tiré sans sommation. Il ne lui a laissé aucune chance. Il l’a éliminée car il refusait qu’elle lui échappe. C’est un crime d’amour propre. » Rappelant qu’il encourt trente ans, elle requiert treize ans de réclusion.Auparavant, les avocats des parties civiles auront décrit la détresse des fils, des sœurs et de la mère de la victime qui « pour la revoir n’ont plus que le cimetière », comme le soulignera M e Levieux, « alors que celui qui l’a abattue, pour ne pas dire exécutée d’une balle en pleine tête, pourra, lui, revoir son fils et ses amis lorsqu’il sortira de prison ».
« Je ne me le pardonnerai jamais »
Stigmatisant un « odieux crime », sa consœur, M e Jacquemet, relèvera qu’à « aucun moment il n’a cherché à avoir d’explication » avant de « choisir d’effacer la victime de la surface de la terre en appuyant sur la détente », comme le dira M e Serri.« Je sais, j’ai tout gâché et je ne me le pardonnerai jamais », a lancé l’accusé lors d’une de ses rares prises de parole. Se rappelant leur année de vie commune voilà une trentaine d’années, la mère de son fils venue témoigner à la barre avait indiqué : « Quand je lui disais que j’allais le quitter, il me répondait que les auteurs de crimes passionnels ne sont jamais inquiétés ». Voici Yvon Octau détrompé. S’il a comparu libre ces deux jours de procès pour avoir été libéré en juillet 2010 après vingt et un mois de détention provisoire, il a regagné hier la maison d’arrêt où, à 64 ans, il doit maintenant purger le restant des dix ans de réclusion qui lui ont été infligés.
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/03/21/j-ai-tout-gache
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