jeudi 22 mars 2012

Besançon : quinze ans pour l’étrangleur

Quinze ans de réclusion criminelle ont été infligés hier par la cour d’assises du Doubs à Lyazid Khatir accusé d’avoir tué, à Montbéliard, en l’étranglant avec un câble d’antenne de télévision Nordine Hadjami, un handicapé mental de 50 ans (nos journaux des 15 et 16 mars). Tout au long des trois jours de débats, Khatir a nié être l’auteur du meurtre alors qu’il avait passé une série d’aveux circonstanciés au fil de l’enquête et de l’instruction. Les jurés ont exactement suivi la peine demandée par l’avocate générale Karine Renaud. Au fil d’un réquisitoire clair et étayé, la magistrate s’est fondée sur « les éléments objectifs » du dossier pour convaincre les jurés qu’il n’y avait pas matière à douter. Et que Khatir était bien le meurtrier : « C’est Khatir qui désigne aux policiers le câble comme l’arme, qui décrit comment il a serré, a mis son genou sur le thorax de la victime poussée sur un fauteuil pour serrer plus. Seul l’auteur du meurtre sait comment ça s’est passé, les détails sur la façon de tuer, il les a donnés au juge. Jusqu’à la fin de l’instruction, il n’a pas remis en cause sa culpabilité. Il n’a jamais nié être l’auteur du meurtre jusqu’à la confrontation finale, il a seulement varié sur le transport du corps ». Pour la magistrate, il y a eu escalade de la violence et « on sait que Khatir peut être violent et dangereux quand il a bu et est contrarié ». Bref, Hadjami la victime, fluet et de petite taille, n’a pas fait le poids face à Khatir qui « a dû lui demander de l’argent comme il le faisait beaucoup avec tout le monde, Khatir qui nie l’évidence car devant faire face à un conflit intérieur ».

« Pas de certitudes »

En demandant aux jurés de « dépasser les évidences », Me Randall Schwerdorffer a bien senti que le réquisitoire faisait une synthèse efficace de l’affaire. Le défenseur a plaidé l’acquittement, il ne croit pas aux aveux de Khatir « qui ne collent pas à la réalité du dossier ». En fait, l’avocat s’est évertué à instiller un doute permanent en misant sur « les lacunes du dossier », des zones d’ombre ou de semi-évidence et sur cette demande de supplément d’information faite par le frère de la victime. Celui-ci souhaitait une comparaison de l’ADN inconnu relevé sur le câble avec celui d'un homme vu et décrit par un témoin et pouvant avoir accompagné Khatir lors du transport du corps du défunt enroulé dans le tapis. Paradoxe, le défenseur avait relayé cette demande tandis que M e Eric Müller, partie civile, n’en voyait pas le réel intérêt « tant ce dossier contient des éléments incontestables ». Au final, M e Schwerdorffer a repris, s’est évertué à démonter ces fameux éléments objectifs et a souligné : « La famille de la victime voulait savoir à qui était cet ADN inconnu, on devait explorer cette piste. La vérité judiciaire n’est pas toujours la vérité. Au-delà des évidences, on ne peut dire, c’est Khatir au cerveau en bouillie et tentant de reconstruire une réalité qui a tué, ou c’est Mahnouche qui a tué, ou c’est l’homme dont a été demandée la comparaison d’ADN qui a tué. Il n’y a pas de certitudes dans ce dossier ».
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/03/17/quinze-ans-pour-l-etrangleur

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