jeudi 22 mars 2012

Deux Roubaisiens condamnés à 12 ans de réclusion criminelle

À l'annonce du verdict, ils ont gardé le même « visage de marbre » qu'ils ont arboré durant les trois jours d'audience. Impassibles malgré les 12 ans de réclusion criminelle prononcée à l'encontre de deux d'entre eux. Le troisième, qui s'était enfui avant les faits non sans avoir tenté de voler du liquide, écope d'un an de prison avec sursis et mise à l'épreuve*.
Ces trois quinquagénaires, en totale déshérence, étaient jugés par la cour d'assises de Douai qui avait à se pencher sur le viol particulièrement sordide de Louise, la voisine et la confidente de l'un des accusés. Peut-être même un souffre-douleur. « Oui c'est un dossier triste, oui la vie est triste » , se désole Me Nicolas Brazy, avocat de la défense.



Des excuses en fin d'audience
Ce jour de juin 2010, dans cette maison découpée en appartements dans le centre de Roubaix, les locataires ont bu plus que de raison. C'est peut-être la seule certitude d'un dossier « qui baigne dans l'alcool ». Car beaucoup de questions restent malheureusement en suspens. Que vont faire ces trois-là dans l'appartement du rez-de-chaussée ? Faire la fête comme ils en ont l'habitude ? Ont-ils fait irruption, une seringue de Valium à la main dans l'idée d'abuser de la locataire ? Toujours est-il que tout dérape assez vite. À peine Thierry S. a-t-il le temps de quitter la pièce que Mohamed M. et Alain K. infligent des rapports sexuels avilissants à la vieille dame. Le premier les nie et explique avoir répondu à une demande de son amie, le second a fini par les reconnaître. « Aujourd'hui, nous sommes tous d'accord pour dire qu'il s'agit d'un viol », admet Me Brazy. C'est S., qui surgira pour leur demander de la laisser tranquille, « la seule lueur de ce dossier », selon l'avocat général. Mais le mal est déjà fait.
Ceci dit, où se place la vérité dans une affaire où se mélange pauvreté, solitude, misère sexuelle et intellectuelle, dépendances à l'alcool ou aux psychotropes, absence de repères ? En réclamant 12 ans de détention pour les deux principaux accusés, l'avocat général a fait pencher la balance de la Justice vers la plaignante. « Le premier pense que ses silences suffiront à lui éviter les foudres de la loi et l'autre que ses mensonges nous abuseront, grince Luc Frémiot qui conclut en citant Paul Eluard. Pensez une dernière fois à la victime, cette vieille petite fille. Après une vie faite de drames, elle est passée sous les arches de la nuit et partout où elle a passé, elle a laissé l'empreinte des choses brisées. » Autant vous dire qu'après le passage à la barre d'une victime diminuée et le talent oratoire de l'ancien procureur de la République de Douai, la tâche des avocats de la défense s'annonçait compliquée. « Plusieurs vérités s'affrontent, plaide Me Christian Cochet. L'épisode de la piqûre est par exemple une vérité incertaine car rien ne permet de dire qu'il s'est réellement passé. Il y a bien une trace mais elle a pu être faite à l'hôpital. Pour moi, la vérité judiciaire doit rester humaine. » Quelques minutes plus tard, Alain K. demandait pardon. Mohamed M. restait arc-bouté dans ses contradictions. « Toute ma vie, je suis resté honnête, explique cet ancien commerçant. Je n'ai jamais blessé quelqu'un. Je regrette ce qu'il s'est passé. Pour elle, j'étais plus qu'un confident. J'espère juste qu'elle a réussi à stopper l'alcool ». Un début d'excuse que la victime n'entendra pas. Trop faible, elle n'a pas pu assister au dernier jour du procès.w Thierry S. n'était poursuivi que pour un délit connexe, à savoir la tentative de vol. Il a rapidement été mis hors de cause par les policiers chargés d'enquêter sur le viol

http://www.nordeclair.fr/Actualite/2012/03/17/deux-roubaisiens-condamnes-a-12-ans-de-r.shtml

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