dimanche 25 mars 2012

Une mafia nîmoise à la prison ?

Le tribunal correctionnel a jugé, hier après-midi, un détenu de la maison d'arrêt et deux jeunes femmes pour trafic de stupéfiants et introduction de téléphones portables. Le procureur a dénoncé un « système mafieux ».
Karim Ouamane a 25 ans à peine et déjà pas moins de 18 condamnations sur son casier judiciaire : « Il connaît parfaitement la musique et nous avons mis tout en œuvre pour le faire comparaître aujourd'hui », avertissait, hier, le procureur François Jardin. Un dispositif policier plus qu'impressionnant avait été déployé à l'intérieur et aux abords du tribunal, hier, pour encadrer et, au besoin, sécuriser le procès. Il faut dire que Ouamane n'est pas un garçon de tout repos, il en a fait la démonstration pendant l'audience, n'hésitant pas à apostropher violemment, ou sa compagne, ou la présidente du tribunal, ou le procureur.
Vendredi dernier, Karim Ouamane, sa compagne Célia et l'amie d'un autre détenu, Charline, sont arrêtés et placés en garde à vue au commissariat. Depuis plusieurs jours, ils étaient en effet étroitement surveillés : les deux jeunes femmes venaient très régulièrement, depuis Nîmes, voir leurs copains et à chaque fois, avec les mains pleines. D'objets interdits, il va sans dire.

Mafia nîmoise

Vendredi, un téléphone est découvert, dans un filet à patates, sur le toit de l'atelier de la maison d'arrêt. Ce téléphone devait être récupéré avec un morceau de drap lesté, armé d'une fourchette tordue servant de grappin. Très vite, les soupçons se portent sur Ouamane et sa cellule est fouillée. Jackpot : les policiers découvrent deux autres téléphones portables, des chargeurs, des cartes SIM, des clés USB et de la résine de cannabis. Ce sont les jeunes femmes qui ont apporté, au cours des parloirs, tout ce matériel : « J'avais besoin d'entendre sa voix, c'est trop dur le soir et la nuit », se plaint Karim Ouamane. Quant au shit, c'est « pour aider à tenir ». Le problème, c'est qu'il est aussi prouvé qu'Ouamane avait organisé un véritable trafic de stupéfiants en prison, avec des prix bien plus élevés qu'à l'extérieur. « C'est un système quasi mafieux qui a été mis en place avec d'autres détenus de la même région », soulignait le procureur. Les menaces envers les autres détenus, les gardiens et même leurs familles sont continuelles : il sera jugé pour ça aussi un peu plus tard. Et de réclamer la peine plancher pour Ouamane, soit 4 ans ferme.

Amour aveugle

Pour la défense des deux filles, les avocats vont mettre l'amour en avant : « L'amour est aveugle et le cœur a des raisons que la raison ignore. Toutes les deux ont agi uniquement par amour et toutes les deux ont parfaitement conscience d'avoir fait une énorme bêtise ». Compte tenu de leur jeune âge (19 ans et 22 ans) et surtout compte tenu de leur casier vierge et de leur insertion professionnelle, les deux jeunes femmes vont écoper d'un an de prison avec sursis et surtout de l'interdiction de s'approcher d'une prison, quelle qu'elle soit. Pour Ouamane, les choses sont moins simples : un casier long comme un jour sans pain et des menaces à répétition, y compris à l'audience : « Il a tout fait pour échapper à cette comparution, note le procureur. Il a été placé dans une cellule isolée, en pyjama, pour éviter toute mutilation volontaire, ce qu'il a tout de même tenté. Ses descriptions de pseudo-tortures ne convainquent personne ». Sauf son avocat : « Il y a un déséquilibre flagrant dans la présentation de ce dossier. Uniquement pour obtenir une peine exemplaire ». 2 ans de prison ferme et un retour devant le tribunal jeudi prochain
http://www.ladepeche.fr/article/2012/03/20/1310193-une-mafia-nimoise-a-la-prison.html

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