jeudi 19 avril 2012

Biot : une comptable détourne 1,2 M€ pour jouer au casino

C'était sa drogue. Sa dépendance. Quand Catherine M. n'entendait pas le doux bruit des jetons, quand elle n'était pas à côté d'une machine à sous, elle se sentait mal. Très mal. « Les jours où je n'allais pas au casino, j'avais des douleurs au ventre, a-t-elle confirmé, hier matin, à la barre du tribunal correctionnel de Grasse.

Or, pour satisfaire cette boulimie de jeux, son salaire de comptable au sein de l'entreprise biotoise de travaux publics Alpha TP ne lui suffisait pas. Alors, dès 1995, cette Azuréenne de 58 ans a cherché un moyen de gagner plus d'argent… Elle l'a vite trouvé. Profitant d'avoir la toute confiance de son patron - qui préférait les chantiers aux chiffres - elle a piqué dans les caisses de la société. En multipliant les faux en écriture et les fausses factures, elle a détourné 20 000e la première année. Puis, voyant que personne ne s'apercevait de son petit manège, elle est montée en puissance. 30 000, 40 000, 50 000 e… volés par an. Jusqu'à ce que le jeu s'arrête en 2009. Quand l'organisme du ministère des Finances français chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent TRACFIN (Traitement du Renseignement et Action contre les Circuits FINanciers clandestins) a signalé une activité anormale. « Le montant total du préjudice donne le tournis, s'est exclamé Soizic Guillaume, substitut du procureur. 1,2 million d'euros a été détourné en quatorze ans… »

10 salariés sur la paille

Évidemment, la disparition d'une telle somme n'a pas été sans conséquence pour la société biotoise. Si elle se portait plutôt bien avant 1995 avec un résultat net annuel de 40 000 euros, elle a, peu à peu, vu son bilan plonger. Le patron a alors dû se résoudre à licencier. De dix salariés, il est passé à cinq. Puis à zéro. Son rêve de revente est également tombé à l'eau. « J'ai dû lancer une procédure de liquidation amiable,a-t-il annoncé, la gorge nouée, en direction du président du tribunal Franck Robail. J'ai tout perdu dans cette affaire ».

Malheureusement pour lui, la réparation du préjudice est loin d'être évidente. D'une part, Catherine M. n'est pas solvable. Et puis, son avocat, Denis Del Rio, a tenté de faire valoir, hier, la prescription de tous les faits datant d'avant 2006, soit trois ans avant la découverte de l'infraction. La partie civile et le ministère public s'y sont, eux, opposés, en citant une jurisprudence constante concernant la non-prescription des abus de biens sociaux.

Par ailleurs, 18 mois de prison dont 12 avec sursis ont été requis à l'encontre de Catherine M.
http://www.nicematin.com/derniere-minute/biot-une-comptable-detourne-12-m%E2%82%AC-pour-jouer-au-casino.843902.html
Le jugement sera rendu le 18 mai prochain.

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