Condamnés à 10 mois d'interdiction d'exercer, 15 000 euros d'amende et un an de prison avec sursis en première instance pour avoir « charcuté » Hélène Braz, une Sedannaise de 63 ans devenue totalement incontinente au terme d'un improbable marathon chirurgical, Célestin Esso, chirurgien à la polyclinique du parc de Charleville-Mézières, et Jean-Pierre Giolitto, alors urologue à la clinique des Bleuets de Reims, avaient fait appel de la décision estimant, pour l'un, « n'avoir commis aucune faute », pour l'autre, être tout au plus « responsable de simples imprudences » (l'union du 22 mars).
Mal leur en a pris… Hier, la cour d'appel de Reims, allant même au-delà des réquisitions de l'avocat général qui avait dénoncé « la répétition de gestes invasifs, sans fondement préalable », évoquant une « incompétence inadmissible qui a abouti à la mutilation sexuelle d'une femme », a prononcé des peines beaucoup plus lourdes à leur encontre : 18 mois de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende pour les deux chirurgiens, 3 ans d'interdiction d'exercer la profession de chirurgien urologue et chirurgien gynécologue pour le Dr Esso et 5 ans d'interdiction d'exercer la profession de chirurgien pour le Dr Giolitto.
Entre 1994 et 2003, Hélène Braz avait été opérée à 14 reprises par les deux chirurgiens. Dix-sept ans plus tard, elle est totalement incontinente. C'est aujourd'hui une femme mutilée au plus profond de son intimité, privée de toute vie…
Un calvaire quotidien
Lors de l'audience en appel, Hélène Braz avait une nouvelle fois évoqué son calvaire au quotidien… « Je suis obligée de rester assise, toute ma vie… Je suis désolée, c'est trop difficile. »
Et de livrer à l'état brut : « Je me lève 5, 6, 7 fois dans la nuit. Mes draps sont trempés, mes vêtements sont trempés… Il y a eu un tel remaniement en moi que je ne suis plus une femme. A 63 ans, je dois gérer mes mouvements pour éviter les fuites. Je passe mon temps à ma lessive, aux toilettes pour préserver mes protections ou dans la douche. C'est un calvaire cette vie… ».
Et d'avouer simplement : « Si je vis encore 20 ans, ça va me coûter 333 000 euros de frais de protection… Je les trouve où ? ». Sur ce point, l'affaire sera traitée au niveau des intérêts civils au cours d'une prochaine audience.
Les docteurs Giolitto et Esso ont désormais 5 jours pour se pourvoir en cassation…
Rappelons que le Dr Giolitto actuellement sous le coup d'une suspension de l'ARS pour 5 mois - il aurait enlevé « par erreur » un rein sain à une patiente opérée à la clinique Sainte-Anne de Strasbourg (notre édition du 22 mars) - a également été condamné le 16 décembre 2011 en appel pour « homicide involontaire » à 18 mois de prison avec sursis, ainsi qu'à une interdiction d'exercer pendant un an pour avoir involontairement causé la mort du jeune Romain Gommenne, emporté par une hémorragie massive le 22 août 2006. Il devait se faire opérer d'une dilatation veineuse au testicule à Reims, une intervention chirurgicale bénigne. Il a rendu son dernier souffle entre les mains du Dr Giolitto. Dans ce dossier, le Dr Giolitto s'est pourvu en cassation.http://www.lunion.presse.fr/article/marne/sedannaise-mutilee-interdiction-dexercer-pour-les-chirurgiens-pendant-3-et-5-ans
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