vendredi 20 avril 2012

Un goulot de bouteille en guise de bâton de dynamite

L'association Familles de mili avait reçu, par SMS, insultes et menaces terroristes, l'obligeant à annuler son vide-greniers d'entraide. L'auteure de ces SMS comparaissait hier, au tribunal.
C'est une grosse femme qui s'avance à la barre d'un pas lourd. La lippe pendante et humide, le teint violacé et couperosé, les mains enflées et jaunâtres, Marielle Meydieu, 60 ans, porte sur elle tous les symptômes visibles d'un alcoolisme profond et sévère. Elle était à la barre du tribunal, hier après-midi, dans le cadre de la procédure de comparution immédiate, pour répondre de faits que nous avons déjà évoqués dans nos éditions d'hier. L'association Famille de mili avait organisé un vide-greniers ce dimanche, au Foirail à Tarbes, pour venir en aide aux familles de militaires blessés ou tués lors des opérations extérieures. Le vide-greniers a dû être annulé en catastrophe, après que l'association a reçu, sur son portable, injures et graves menaces, faisant allusion, entre autres, à Mohamed Merah. Le parquet de Tarbes, devant une menace manifestement et ouvertement terroriste, suit la procédure classique : l'affaire est confiée au SRPJ de Pau, sous la direction du parquet antiterroriste de Paris, qui en réfère au cabinet ministériel. Grâce au portable, un homme, Sofiane S., est arrêté à Pau, placé en garde à vue, où il va passer un mauvais quart d'heure. « Les auditions en la matière sont loin d'être gentillettes », va reconnaître le procureur Jardin. Sofiane S. est arrêté alors qu'il est en famille et tombe des nues. 24 heures plus tard, l'enquête prend une autre tournure et se dirige vers Marielle Meydieu.

Une bouteille de whisky

Ce vendredi soir dernier, après la lecture de l'article consacré au vide-greniers dans nos colonnes, Marielle Meydieu s'énerve toute seule : elle a fumé du shit en abondance et bu encore plus. Elle reconnaît avoir avalé une bouteille entière de whisky. Et elle va envoyer pas moins de 11 SMS, entre 11 heures et minuit : « Pour arriver à voir les touches et à s'en servir après une bouteille entière, il faut une sacrée habitude de l'alcool », soulignera le procureur. Les SMS sont violents et plus qu'injurieux pour les jeunes veuves. En outre, elle promet de faire sauter le vide-greniers. Mais à la barre, Marielle Meydieu soutient qu'elle ne voyait pas à mal : « J'avais bu, c'est pour ça. Sinon, je l'aurai jamais fait, jamais ». Une jeune veuve lui jette un œil noir. Très noir. Pourquoi avoir dénoncé Sofiane, un ancien ami ? demande la présidente Gadoullet : « Ben, j'avais peur et puis je croyais qu'il était parti. Alors, j'ai dit que c'était lui ».

"Une femme misérable"

Le procureur Jardin, après avoir longuement rappelé les faits et dénoncé le coût exorbitant de cette affaire pour la société, va réclamer 8 mois de prison avec sursis, dont 2 ferme. Me Florence Fraga va axer sa défense sur le côté pitoyable des événements : « C'est une femme misérable que vous jugez. Les actes commis sont aussi misérables que la vie sociale, affective et intellectuelle de Mme Meydieu. Il n'est question ici d'aucune idéologie, mais simplement d'actes totalement absurdes et irréfléchis qui ont causé un traumatisme certain ».
24 mois de prison avec sursis et obligation d'indemniser.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/17/1332687-un-goulot-de-bouteille-en-guise-de-baton-de-dynamite.html

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