Exubérante à en exaspérer tout son monde en 2010, lors de son premier procès à Metz, Fabienne Lévy, 53 ans, avait réussi depuis deux jours à maîtriser sa fougue devant les jurés d’appel à Nancy. Cette ancienne commerçante de Saint-Avold poursuivie pour quatre braquages de banques commis en 2006 et 2007 et une tentative a cependant explosé, hier, au moment des réquisitions.
Alors que l’avocat venait de réclamer une peine de 12 ans à son encontre, la quinquagénaire, qui comparaissait libre mais avait été invitée ce lundi à s’asseoir dans le box des détenus, s’est levée et a fait mine de partir. Du jamais vu… « – Asseyez-vous immédiatement ! », s’égosilla le président Iogna-Prat. « – Non, c’est bon, je vais tout de suite en prison, Monsieur ! ».
Quelques heures plus tard, elle a cependant accueilli le verdict avec calme : 8 ans de prison. Deux de moins qu’à Metz. Satisfaite, Fabienne Lévy, qui, bien que contrainte de retourner le soir même en prison, arborait un large sourire. Son vœu le plus cher – ne pas voir son fils Jérémie, 23 ans, repartir derrière les barreaux – venait en effet d’être exaucé : coupable de complicité dans deux braquages, il a écopé de 5 ans dont 3 avec sursis. Deux ans ferme donc et ce, alors qu’Alain Jomier en avait requis six.
Me Duchet avait fustigé ce réquisitoire de l’avocat général, estimant que le parquet avait fait preuve de davantage de mansuétude un mois auparavant dans une tentative d’assassinat : « Un gendarme avait tiré à dix reprises sur l’amant de sa femme. L’avocat général avait requis 4 à 5 ans avec sursis. Et le militaire avait pris 10 ans ferme… ». L’avocat messin avait poursuivi avec pugnacité, insistant sur les 45 ans de vie exemplaires de sa cliente.
Dans la matinée, Fabienne Lévy avait expliqué comment elle était passée de commerçante à braqueuse : un divorce avec un riche entrepreneur qui se passe mal, la liquidation judiciaire de ses trois magasins suite à une décision prud’homale défavorable ou encore cette mauvaise rencontre avec un amant délinquant. Après un car-jacking commis avec ce compagnon, elle avait écopé, en 2004, d’un an ferme.
« J’ai vécu cette incarcération comme une injustice. J’ai ruminé. Je n’ai pas voulu agresser des gens ou me lancer dans l’escroquerie, non, je suis partie sur un ‘’ truc ‘’ plus philosophique : la justice, le système, les banques qui ont le pouvoir. Le pot de fer contre le pot de terre… ».
Fabienne Lévy acquiert un pistolet à poivre, une perruque, fait faire des fausses plaques d’immatriculation « au Leclerc », effectue « des dizaines de repérages », maquille les caméras de surveillance avec du cirage et braque seule, le matin, quand les clients n’ont pas encore le coude sur le guichet. À deux reprises, elle demande à son fils, tout juste majeur, de l’amener sur le lieu de son forfait. La « Bonnie Parker » de Saint-Avold braque trois banques allemandes puis, repérée Outre-Rhin, le Crédit Mutuel de Meisenthal. Pour un butin de 173.000 euros. « Qu’est devenu cet argent ? Il m’a aidée à maintenir un certain train de vie, j’ai revécu comme avant mon divorce ». « Quelle est la vraie Fabienne Lévy ? », questionne Me Fittante, avocat des parties civiles. « Celle, arrogante et insolente, du premier procès ? Celle, qui émeut parfois, du second ? La vengeance contre le système, c’est du pipeau. C’est surtout l’appât du gain qui l’a animée. Madame, vous n’avez jamais appelé au secours. Il y avait d’autres moyens que l’attaque de banques pour vous en sortir ».
http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/10/huit-ans-pour-la-braqueuse
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