vendredi 25 mai 2012

Procès Le Couviour. Un baillon qui ne laissait aucune chance à Annette Le Couviour

Au 3e jour du procès Le Couviour à Vannes, la thèse de la défense (un cambriolage qui aurait mal tourné) a été mise à mal ce jeudi par le témoignage du directeur d'enquête. En prélude de cet examen des faits, les quatre accusés ont été invités, ce matin, à faire une déclaration spontanée sur leur implication dans l'affaire Le Couviour.

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Il est 10 h 30, ce jeudi matin, quand la fille et les petites fille d'Annette Le Couviour quittent la salle d'audience. Elles craquent à la vue des photos prises par les gendarmes la nuit du drame, où l'on distingue le corps de l'épouse d'Eugène Le Couviour gisant sur le sol, à l'entrée du vestibule de la chambre conjugale, située à l'étage de la maison du Moulin de la Chesnaie.

Le Major Christophe Le Gall a ensuite déroulé le fil de l'enquête. « Lors de l'autopsie du corps, c'est l'amas de scotch (21 morceaux, soit plus de 5 m linéaires) appliqué avec force sur tout le visage, des sourcils au menton, qui a retenu notre attention. Cet élément n'était pas compatible avec la thèse d'un simple cambriolage, où l'on cherche à neutraliser une personne. »

Une asphyxie mécanique à l'origine de la mort
Le médecin légiste Louvois fut le premier à examiner le corps, sur place, la nuit du drame : « Ce n'était pas un masque, mais bien un bâillon, puisque le scotch entourait toute la tête, des sourcils au menton. » « Le ruban adhésif était assez large. Le bâillon avait pris la forme du visage, comme un moulage, où l'on observait clairement les arcades sourcilières, le nez et le menton », complète son confrère, le Dr Pedech, qui a réalisé l'autopsie. Il avait relevé des lésions au cou, au thorax, sur le poignet et l'avant-bras droit et autour de la bouche. Il concluait que la mort avait été causé par l'asphyxie mécanique provoqué par le bâillon, et/ou l'enserrement du cou.

Les contre-expertises, ordonnées en cours d'instruction, par la chambre d'appel de Rennes, n'ont pas permis de trancher clairement cette question. « Rien ne nous permet d'affirmer que l'étranglement n'a pas contribué à la mort », a indiqué le Dr Anagnostides. L'absence de traces de doigt sur le cou, « n'exclut pas une compression avec un avant-bras », ou « dans une manœuvre pour appliquer le bâillon, si la victime se débattait ». A la question de Me Billaud, avocat des parties civiles, qui lui demandait si « le bâillon constituait une arme létale », il a répondu : « oui, il ne pouvait laisser aucune chance de survie à la victime », dont il a estimé la durée de l'agonie à « 2 à 3 minutes ».

Les regrets des accusés
Loïc Dugué : "Je n'ai pas eu la force de refuser"
Accusée d'avoir commandité l'
assassinat d'Annette Le Couviour, Josiane Le Couviour a redit qu'elle n'avait «jamais voulu demander la disparition» de sa belle-mère : «Je voulais simplement récupérer des papiers dans un coffre. Je nie catégoriquement les faits qui me sont reprochés».
Loïc Dugué, son ancien jardinier, a, de son côté, dit qu'il lui en voulait de l'avoir impliqué dans cette affaire : «Elle m'a d'abord demandé de commettre le cambriolage. J'ai refusé. J'ai ensuite rencontré Wenceslas Lecerf lors de l'emménagement de mon beau-frère à Guidel-Plage. Il m'a rappelé huit jours plus tard pour me dire qu'il était intéressé».
Il a ensuite évoqué ses interrogatoires difficiles : «On en arrive à dire des choses qu'on ne pense pas», en référence à ses premiers aveux, où il reconnaissait la commande d'un
assassinat et sur lesquels il est depuis revenu. «Je regrette, j'aurai dû tout envoyer promener. Je n'ai pas eu la force de refuser».
Le Cerf : "Je regrette sincèrement"Wenceslas Le Cerf et Guénolé Madé ont tous deux reconnu leur participation au cambriolage. Voici leurs déclarations :
Le Cerf : «Loïc Dugué a d'abord pris contact avec moi pour des travaux de jardinage. Il m'a ensuite demandé si, de part mon travail de portier, je connaissais quelqu'un capable de commettre un cambriolage. Je ne me sentais pas capable de le faire seul, j'en ai donc parlé à quelques personnes. Guénolé était intéressé. Je ne savais pas qu'il s'agissait de la famille Le Couviour. Je n'ai jamais voulu blessé
Annette Le Couviour. Pour moi, c'était juste une histoire de famille et d'héritage. Je regrette sincèrement».
Madé : «Pour moi, tout a commencé deux ou trois semaines avant les faits. Wens m'a dit qu'il y avait un casse à faire. J'ai dit oui, sans poser de question. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Le lendemain du cambriolage, Wens m'a dit qu'il avait un cadeau pour moi. Il m'a remis une enveloppe contenant 10.000 € en liquide. J'étais content, je suis rentré chez moi».


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