vendredi 25 mai 2012

Julien Sailly a été condamné hier à vingt ans de réclusion pour le meurtre de Clélia

Les photos de Clélia auront profondément marqué cette audience. Les photos d'avant, d'abord. Celles des sourires et de la beauté rayonnante, quand la jeune fille de dix-neuf ans mordait dans la vie, sa famille et ses amis autour d'elle. Des études de comptabilité, des sorties, évidemment, et puis Julien. Son amoureux. Julien qui est là, dans le box, et qui regarde ces photos, sans réaction apparente. Et sans réaction non plus quand ce sont les autres photos. Celles d'après. Les photos d'un cadavre au visage fracassé flottant dans les eaux sales de la Deûle. ...

Hier matin, Blandine Lejeune, leur avocate, a merveilleusement porté la voix des parents de Clélia. « Elle l'avait dit à l'une de ses amies, monsieur : elle voulait faire de vous le père de ses enfants. C'est dire si elle vous aimait... » Elle a parlé du « cancer de la douleur, contre lequel il n'y a aucune chimiothérapie », elle a tenté de mesurer le poids de celle-ci : « Même à l'heure où ils fermeront les yeux, c'est encore à elle qu'ils penseront... » Et Julien, dans tout cela ? Muet, bien sûr. « Vous êtes inaccessible », lui a lancé Luc Frémiot, l'avocat général, au coeur de son réquisitoire. Il a pourtant essayé : « Allez-y, on veut tout me coller sur le dos... » Il nie, Julien. Il s'en tient à ce qu'il a toujours dit : « J'ai déposé Clélia à cinq heures du matin à l'entrée d'Erquinghem-le-Sec... »

« À la seconde près »

Luc Frémiot n'en croit pas un mot. Méthodiquement, implacablement, il égrène les éléments dont il dispose pour étayer sa conviction : « On peut presque dire à la minute près, à la seconde près, quand Clélia est morte. » Pour lui, c'est quand Julien est encore avec elle, dans sa voiture, vers 5 heures du matin. Comme Blandine Lejeune, Luc Frémiot pense qu'il a étranglé sa petite amie à ce moment-là, l'a laissée pour morte et a tenté de se faire une manière d'alibi en appelant son autre amie, Priscilla... Et il serait allé à Lambersart, pour se débarrasser du corps. « Et pourquoi aurait-il pris ce risque insensé, inouï, de faire vingt kilomè tres avec une morte dans sa voiture ? » C'est Éric Dupond-Moretti qui entre en scène. Il vient instiller le doute. Même à propos du plus important indice dont dispose l'accusation : le cric retrouvé à l'aplomb du corps, au fond de la Deûle, avec lequel Julien aurait achevé Clélia. Un cric du modèle qui doit équiper la voiture de Julien, alors que dans la voiture de Julien, justement... le cric manque.
Mais Éric Dupond-Moretti, comme sa collaboratrice Alice Cohen-Sabban avant lui, peste : « L'enquête ne prouve rien ! Rien ne relie ce cric à cette voiture. » Et c'est vrai que le doute a une place. Une place infime, mais l'avocat s'y glisse. Il cite Patrick Dills, Marc Machin, les erreurs judiciaires, et dit aux jurés : « Si vous avez la certitude absolue, allez-y. Mais vous doutez... » Apparemment, ça n'a pas été le cas : Julien a été condamné à vingt ans de réclusion criminelle.
À l'énoncé du verdict, il a crié à sa famille : « Moi, j'ai la conscience tranquille. On s'en sortira ! »

http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2012/05/25/article_julien-sailly-a-ete-condamne-hier-a-ving.shtml

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