mardi 22 mai 2012

Un enseignant et un lycéen jugés pour une fraude au bac

Ce sont des faits très inhabituels : hier, étaient jugés au tribunal de Lille un enseignant et un élève de terminale du lycée privé De la Salle, pour une fraude au baccalauréat de juin dernier. Le prof lui avait fait passer discrètement un corrigé...

« Pour nous, c'est une affaire très grave, l'enseignement en a pris un coup et cela jette le discrédit sur l'ensemble de l'institution ! », tonne une représentante du Rectorat.
Les faits sont rarissimes : en juin dernier, lors d'une épreuve du bac au lycée lillois De La Salle, une élève a aperçu un des professeurs remettre quelque chose à un de ses camarades. Plus surprenant encore : lorsqu'une autre enseignante est alertée, celle-ci découvre un corrigé de l'épreuve dans la copie de l'élève !
« Je reconnais les faits », admet à la barre l'enseignant, F.C., 37 ans, qui a déjà été suspendu de ses fonctions. Il connaissait bien cet élève, puisqu'il était son professeur principal et lui donnait aussi des cours particuliers. M.B., qui vient de fêter ses vingt ans, était son chouchou.
Au cours de l'épreuve, par deux fois, le professeur a accompagné cet élève aux toilettes. « Il m'a dit qu'il avait des difficultés, mais il ne m'a rien demandé », raconte F.C. qui admet avoir cédé à une « pulsion ». « C'était idiot, irresponsable », reconnaît-il, tout en ne voulant pas porter seul le chapeau : selon lui, son élève a profité de son aide et s'est servi du corrigé, ce que M.B. nie.

Lui aussi a payé cher l'incident, puisqu'il a été écarté du bac et ne pourra le repasser pendant deux ans. Mais la fraude est également un délit : la substitute Maud Marty, qui juge que « tout le dossier va à l'encontre de la version de l'élève », réclame une peine d'avertissement : 4 mois avec sursis pour l'élève, 8 mois avec sursis pour le professeur.
« Je réclame l'indulgence ! », scande pour le professeur Me Mathieu Masse, qui parle de la « dépression » de son client. « Il y a eu dysfonctionnement, il n'aurait jamais dû surveiller la classe de ses élèves », souligne-t-il.
Me Aurélie Deswarte, qui défend l'élève, livre une plaidoirie poignante, insistant sur « l'absence de preuve de l'utilisation du corrigé par ce garçon, qui n'avait rien demandé et n'en avait pas besoin, lui qui était premier de sa classe ! ». Le tribunal a mis l'affaire en délibéré au 26 juin.


http://www.nordeclair.fr/Actualite/Justice/2012/05/16/un-enseignant-et-un-lyceen-juges-pour-un.shtml

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