mercredi 11 juillet 2012

Châtiments éducatifs ou violences habituelles ? / Sursis pour le père fouettard

Peut-on en France appliquer des châtiments corporels à ses enfants ? Pourquoi pas, à condition de ne pas en abuser. C'est la leçon que l'on peut tirer de l'audience du tribunal correctionnel de Reims de jeudi dernier. A la barre, un couple, originaire du Gabon et résidant à Reims. Dans les mains des magistrats, un signalement provenant d'un médecin de l'Education nationale, et des photos de cicatrices et de marques de coup, dont certaines ne datent pas de la veille.
Les deux prévenus reconnaissent les faits : effectivement, il arrive au papa de frapper ses deux jeunes filles, une âgée de 10 ans, l'autre de six. Quant à la maman, ce qu'on lui reproche, c'est de n'avoir rien dit. Si le papa frappe, c'est « pour apprendre le respect » à sa progéniture explique-t-il en substance, ou pour punir en cas de vol : une des fillettes aurait en effet tenté de chaparder des vêtements de poupée à l'école.

Coups de fouet et… de micro

Comment frappe-t-il ? Manifestement, on n'est pas ici au stade de la simple fessée, contrairement à ce que laisse entendre l'un des avocats de la défense, mais divers objets sont utilisés : on parle de fouet, éventuellement de micro ! (car le papa est musicien et un jour il n'avait que ça sous la main), on parle aussi de « chicotte », un bâtonnet couramment utilisé en Afrique pour dresser les enfants, avec un rôle dissuasif à l'origine. On touche là un des aspects déterminants de cette affaire : les deux parents n'ont-ils fait que reproduire un modèle culturel qu'ils avaient eux-mêmes vécu enfants, comme ils l'expliquent ?
Cette dimension n'est pas exclue par la partie civile ni par le ministère public, mais à leurs yeux elle n'est pas la seule à prendre en compte : certes il est de la responsabilité des parents d'éduquer leurs enfants, mais cela ne leur accorde pas le droit d'être violents. Or là, il semble que la violence soit devenue habituelle, déclenchée pour un oui pour un non, et en outre exagérée, au vu des traces laissées sur le corps d'une des fillettes. A cela Me Ludot, au nom de la défense du père, trouve une explication ingénieuse : si ce papa se montre si sévère, c'est qu'il a « la phobie d'être rejeté comme africain et noir ! Du coup, il ne veut surtout pas que ses enfants déraillent » et donc il en rajoute dans ses habitudes culturelles éducatives. Et l'avocat de demander l'ajournement du procès : « Rendez-leur leurs enfants, et rendez-vous dans trois mois pour voir où ils en sont ».
Les juges ont préféré une autre option : une peine de prison avec sursis, six mois pour le papa, trois pour la maman. Histoire de dissuader le père fouettard d'avoir la main un peu trop lourde.


http://www.lunion.presse.fr/article/marne/chatiments-educatifs-ou-violences-habituelles-sursis-pour-le-pere-fouettard

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