mardi 14 août 2012

Le procès d'une effroyable erreur

L'inattention fugace d'un conducteur : c'est la cause de la mort tragique d'un tout jeune homme de 18 ans, qui circulait à moto non loin d'Ussat, en mai dernier. Hier, le conducteur fautif a comparu devant la justice.
Tee-shirt noir, larges épaules, cheveux courts, regard triste et tête basse: Pierre B...., 32 ans, a comparu hier devant les juges du tribunal correctionnel. Aux questions de la présidente, le jeune homme n'a répondu que quelques mots, d'une voix à peine inaudible: «Je ne l'ai pas fait exprès. Je présente mes excuses». Dans une lettre écrite au lendemain du drame qui s'est noué, le 31 mai dernier, sur la petite route qui court de Tarascon à Ussat, en longeant l'Ariège, Pierre B... dit son désarroi et son impuissance à réparer le mal qu'il a causé: «Si seulement je pouvais revenir en arrière»! regrette le jeune homme.
Mais le mal, le terrible mal, est fait. Irréparable. Ce jour-là, Pierre B..., au volant d'un véhicule de son entreprise, va chercher un groupe de kayackistes à Ussat. Dans une courbe, il lâche la route du regard, et dévie vers le côté gauche de la chaussée. Une moto arrive en face, piloté par un tout jeune homme, qui sera tué sur le coup. Le choc a été particulièrement violent, même si aucun des deux ne roulait vite. Le drame frappe de plein fouet une famille déjà marquée, au cours des derniers mois, par une série de tragédies intimes: la disparition d'un père, et d'un grand-père, à quelques jours d'intervalle. «Cet accident a causé une douleur dont la famille de ce jeune homme peine à émerger, un deuil effroyable», rappellera l'avocat de ses proches d'une voix grave. Pierre B... se tasse sur son banc. Il prend sa tête dans ses mains, envahi par le remords. Ses yeux sont rouges. Dans la salle d'audience, les membres de la famille d'Alexandre se soutiennent mutuellement Des larmes sont furtivement essuyées.
«C'est toujours difficile de juger un homme, expliquera plus tard Olivier Caracotch, procureur de la Répblique. C'est d'autant plus difficile quand existe un tel décalage, un véritable gouffre, entre le fait générateur et ses conséquences. Rien, pour ses proches, ne réparera l'absence d'un fils, d'un frère, d'un ami. La justice ne peut pas répondre à cette attente». Trois ans de prison avec sursis, un an de suspension du permis de conduire: ce sera la peine demandée par le mgaistrat à l'encontre de Pierre B...
«Il n'y avait pas d'alcool, pas de stupéfiants, pas d'excès de vitesse, rappellera pour sa part Me Bernadette Suard, avocate du jeune automobiliste. Mon client n'a jamais été condamné. Il n'a même jamais perdu de points à son permis de conduire. Il a commis une toute petite faute, aux terribles conséquences. Il en est conscient. Il sait que, toute sa vie, il aura sur la conscience la mort d'un jeune homme de 18 ans. Il voudrait soulager la douleur de cette famille. Mais il ne peut pas». A nouveau, des larmes coulent. Mais les larmes ne lavent pas les larmes. Délibéré au 2 octobre.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/08/08/1415112-quand-une-erreur-provoque-un-drame.html

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