mercredi 22 août 2012

Montbéliard : il traquait ses amants sur le net

Les mains recroquevillées sur la barre du tribunal de Montbéliard, Thomas Perruche semble bien fragile.
Et pourtant ! Ce natif de Besançon, âgé de 26 ans, en a fait voir de toutes les couleurs aux nombreux hommes qui ont croisé sa route et partagé un bout de sa vie.

Des hommes qu’il choisissait sur le net, via les sites de rencontres homosexuelles, comme le souligne le président Marcelin, en ce mardi matin. Son envol et ses vols à répétitions ont été stoppés net, le 9 août à Damprichard. Là où il avait déjà sévi (l’affaire est actuellement sur le bureau d’un juge d’instruction), là où il s’est fait pincer après avoir cherché à payer du carburant avec un chèque volé pour la deuxième fois en deux jours.

« L’apprentissage de la connerie ! »

La frénésie délictueuse de Thomas Perruche tient en une chronologie qui donne le tournis. Sa vie alterne entre prison et liberté. Et une fois l’oiseau sorti de sa cage, il n’a de cesse de voler et de déplumer ses amants. C’est le cas avec cet « ami » qui l’héberge à Saint-Nazaire. Ses escroqueries à tire-larigot lui valent de lourdes peines. À Rennes comme à Besançon.
En juin dernier, il sort de détention. Il pianote sur son ordinateur, lie connaissance avec Steven. C’est l’amour fou. Du moins, c’est ce que croit ce jeune Breton. Il est question d’acheter une maison en commun. Seulement voilà, un soir où le prénommé Steven attend que son amoureux vienne le chercher au travail, il ne voit rien venir. Il l’appelle. Pas de réponse. L’inquiétude enfle. Il songe que Thomas a, peut-être, été victime d’un accident. Lorsqu’il rentre chez lui, il ne voit pas sa voiture. La thèse de l’accident redouble dans son esprit. Mais une fois dans l’habitation, Steven comprend qu’il n’en est rien. Perruche l’a quitté mais l’a surtout dépouillé de ses biens
Nanti de la carte d’identité de sa victime, Perruche se rend dans un garage Renault en Ille-et-Vilaine pour, dit-il, essayer une voiture. « Un essai que vous avez prolongé jusqu’à Damprichard ? », ironise le président Marcelin. Au passage, le pigeon voyageur a subtilisé le chéquier du beau-père de son ami avec lequel il paie à qui mieux mieux. À la barre, Thomas Perruche bat sa coulpe, reconnaît tout et dit avoir besoin de soins. Il revient sur son cursus, évoque son passage à Lyon, en 2009, et son apprentissage de coiffure. « Votre apprentissage de conneries oui ! », coupe le président, constatant que la dérive a débuté à cette période.
Depuis, Perruche s’est signalé à Limoges, à Troyes, laissant dans son sillage des amants délaissés et délestés.

Rejeté par ses parents

« Il opère toujours avec désinvolture. Perruche pille tout ! Son mode de fonctionnement est inquiétant », relève le procureur Pascal qui requiert deux ans de prison dont un ferme.
M e Roller, l’avocat de la défense, déroute d’abord avec l’entame de sa plaidoirie : « Mon client n’a aucune circonstance atténuante. Et je pèse mes mots. Il utilise toujours les mêmes ficelles. Du point de vue de la morale, ce qu’il a fait n’est pas chouette… » L’avocat fait volte-face et retourne aux origines du mal. Il parle de ce « père rigoureux » qui n’a pas accepté de voir son fils emprunter « une autre voie que celle qu’il avait tracée pour lui ». L’affrontement est rude. « Aujourd’hui, ses parents ne veulent plus le voir. Il faut dire que Thomas les a escroqués. Eux ainsi que sa propre sœur… », signale l’avocat. Il l’admet : « Tout plaide en sa défaveur. Toutefois, il est plus à plaindre qu’à blâmer. Pour moi, c’est l’itinéraire d’un enfant malheureux ».
Le tribunal n’a pas été sensible à la complainte de la défense, allant au-delà des réquisitions. Thomas Perruche est condamné à deux ans de prison dont 18 mois ferme, avec maintien en détention ; les six mois supplémentaires sont assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. Ils sont surtout encadrés par l’obligation de se soigner, de travailler et d’indemniser ses victimes à hauteur de près de 3 600 €. En attendant l’épilogue d’autres affaires en cours…

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/08/14/montbeliard-il-traquait-ses-amants-sur-le-net

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