C’était en 1996. L’affaire, particulièrement sordide, avait défrayé la chronique. Le 21 août, dans une gravière de la commune d’Ambronay, les gendarmes font sortir de l’eau une voiture dont les portières sont verrouillées.
Deux corps se trouvent à l’intérieur. Un homme et une femme, en partie dénudée. Il s’agit du couple Virey, mystérieusement disparu deux mois auparavant. L’examen des corps par le médecin légiste montre que la femme a été étranglée, tandis que son époux a été émasculé, et l’hémorragie a entraîné sa mort.
Deux hommes avouent les faits, Pascal Spiteri, qui avait eu une liaison avec la défunte avant son mariage, et un de ses amis. Ils mettent en cause deux de leurs amis qui ne cesseront de clamer leur innocence. Les quatre hommes sont jugés en 1999. Au terme d’un procès aux multiples rebondissements, l’avocat général demande finalement l’acquittement des deux hommes qui niaient les faits, et l’ami de Pascal Spiteri est également acquitté. Seul Spiteri est reconnu coupable et condamné à trente ans de réclusion criminelle.
« Le couple Virey élevait deux enfants, dont un petit âgé de 3 ans à l’époque. Il avait été séparé de son frère et placé à la Sauvegarde de l’enfance qui m’avait confié ses intérêts au procès. Cet enfant avait arrêté de grandir, le choc psychologique avait bloqué sa croissance », se souvient Dalila Berenger, son avocate.
« Le problème à cet âge-là c’était de s’approprier la mort, de réaliser qu’il ne reverrait plus ses parents. Sa rencontre m’a profondément marquée. Je lui ai expliqué ce qu’est un avocat et il m’a dit : “C’est comme une maman alors !” Il me disait : “Il faut qu’on sache qui a tué maman, pourquoi, et qui y était.” J’étais frappée par le fait que malgré son âge, il se posait les mêmes questions que nous, en fait, des questions essentielles, et surtout d’adulte. Je n’oublierai jamais ses dessins. Sur son cahier, il retraçait le moment où elle avait été tuée, avec la voiture et des flammes autour, ou alors il la représentait sur des nuages. J’avais besoin de le connaître, de le comprendre pour le défendre, car son traumatisme était majeur. Je me sentais un devoir de vérité, de tout lui expliquer.
Cette affaire a saccagé cet enfant, car en plus, la question de sa paternité a été posée au procès.
Moi, je ne cessais de me demander “que faire d’un enfant après un drame pareil ?”
La place d’un enfant dans le procès est déterminante pour sa construction. Sans être physiquement là, il avait toute sa place dans le dossier.
Son histoire m’a vraiment marquée à jamais et elle est symbolique de la place qu’on doit réserver à l’enfant. Il y a trente ans, on n’aurait pas géré cet enfant de la même façon, et aujourd’hui, je pense qu’on s’en occuperait encore plus. On a plus conscience qu’il faut une attention accrue sur ce que vit un enfant victime d’un traumatisme. »
http://www.leprogres.fr/ain/2012/09/03/apres-le-meurtre-de-ses-parents-l-enfant-avait-arrete-de-grandir
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