jeudi 20 septembre 2012

Je t’aime, moi non plus

L’histoire ne nous dit pas comment ils se sont rencontrés. Mais tous, dans leur entourage, aboutissent à la même remarque, résumée par l’un des avocats de la défense : « C’est un couple qui peut s’aimer et se détester en moins d’une minute ».
Voilà comment ont vécu Daniel et celle que nous surnommerons Élodie pendant plus de deux ans.
Lui, c’est un garçon de presque 22 ans. Il est là, à la barre du tribunal correctionnel de Vesoul devant un micro trop haut placé, affublé d’un polo rose de la marque au crocodile, le visage juvénile cerclé d’un petit collier de barbe finement taillé. Il parle bien. S’explique. Un peu tout le contraire de son frère cadet, Steven, à quelques mètres de lui, lequel comparaît libre, lui. Mais dont les mots en dehors de oui ou non s’avèrent difficiles à extorquer.
Ce 4 avril 2011, Daniel Duboucley, l’aîné, a décidé de s’expliquer avec Elodie, qui l’a quitté peu de temps auparavant. En ce début d’après-midi, alors que la jeune fille de tout juste 18 ans se rend à son travail accompagnée de son frère, il la happe dans le véhicule conduit par son frère et à bord duquel se trouve un troisième larron qui n’avait pas jugé utile d’être présent à l’audience hier.
« Elle n’a plus ses règles, on trouve quoi pour en savoir plus ? », s’emporte le conseil de la victime Me Bertholde. Un enlèvement. « On ne voit ça qu’à la télé », avait commenté à l’époque dans nos colonnes la patronne d’Elodie. Des cris, des pleurs et quelques traces de contusions. « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça, je voulais juste discuter », se défend le principal prévenu. Lequel l’amène dans son appartement. C’est dans ce huis clos qu’une relation sexuelle ponctue le déroulement des faits. Elle parle de viol, lui d’acte consenti. Mais le dossier se conclut par un non-lieu cet été, le juge d’instruction, confronté au refus de la victime de procéder à une confrontation, estimant qu’il n’existait « pas de charges suffisantes ».
Qu’en est-il exactement entre Daniel et Elodie ? Le procureur Jean-François Parietti, qui parle d’un « acte sauvage », reconnaît par ailleurs, « le comportement ambigu » de la victime, constat sur lequel s’appuie la défense.
Est-ce elle qui l’a cherché lorsqu’il est sorti de prison le 21 juin au terme de 14 mois de préventive ou lui qui a fait preuve de menaces ? Ils se sont vus. Et même un peu plus. Brisant, de fait, le contrôle judiciaire du jeune homme, lequel l’interdisait de s’approcher d’Elodie. D’où son retour derrière les barreaux dès la mi-août. « Il l’a dans la peau », sanglote sa mère appelée à la barre.
Son fils aîné a été condamné à 36 mois de prison, dont la moitié assortie du sursis. Steven, le cadet, a écopé de 18 mois dont six ferme. Quant au 3 e homme, Raphaël Copoix, dont le rôle s’est, selon ses camarades, résumé à sa seule présence dans la voiture, il a pris un an, dont six mois avec sursis. « En venant, il aurait pu s’expliquer », regrette le juge Kato. Mettant un terme (provisoire ?) à une affaire dont tous les observateurs estiment qu’elle aurait pu très mal se finir…

http://www.estrepublicain.fr/haute-saone/2012/09/14/je-t-aime-moi-non-plus

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