lundi 24 septembre 2012

L'ahurissante affaire des "reclus de Monflanquin" en procès

Les Védrines ont notamment perdu dix ans de leur vie. Pendant dix ans, onze membres de cette famille noble du sud-ouest se sont coupés du monde et ruinés en vendant leurs biens, à l'instigation d'un homme qui disait les protéger d'un complot : le procès de l'incroyable affaire "des reclus de Monflanquin" a commencé lundi à Bordeaux. Thierry Tilly, 48 ans, et son complice présumé Jacques Gonzalez, 65 ans, comparaissent en correctionnelle. Durée prévue du procès, deux semaines.

L'histoire remonte à 1999 quand Thierry Tilly rencontre Ghislaine de Védrines, parvenant à ce qu'elle l'embauche dans son école de secrétariat. Aux autres membres de cette famille connue et aisée, il se présente comme un agent secret travaillant à "l'équilibre du monde" pour un groupement "placé au-dessus des états" et luttant notamment contre la franc-maçonnerie : la "Blue Light Foundation".
Leur incroyable soumission
Peu à peu, il leur fait croire qu'ils sont la cible d'un complot, mais que, s'ils financent "le combat", il peut protéger leur vie. Les sceptiques, comme le mari de Ghislaine sont accusés de tous les vices par Thierry Tilly, qui les fait rejeter par le groupe. Les autres sont terrorisés, et s'isolent brutalement de leurs anciennes connaissances. D'abord dans le château familial de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis au Royaume-Uni. La justice est impuissante, puisqu'ils paraissent consentir à leur situation, signent des documents et même, voyagent.

Un jour, le frère de Ghislaine et sa compagne -qui a été séquestrée et privée de tout par le groupe pendant une semaine, pour lui faire avouer un secret de famille imaginaire-, font défection. Ils racontent alors leur incroyable soumission à Jacques Tilly. Cet homme que les juges d'instruction décrivent comme "fin psychologue, excellent juriste et manipulateur de premier ordre" est arrêté en octobre 2009.
Il se prenait pour un agent secret
Tous reconnus victimes d'une "emprise mentale", dont ils sont aujourd'hui libérés, les Védrines ont perdu, outre près de dix ans de leur vie, 4,5 millions d'euros de biens immobiliers et financiers, et encore des meubles, tableaux, bijoux... Thierry Tilly a, lui, vécu très confortablement grâce à cet argent. Le plus curieux, a révélé l'instruction, est qu'il était lui-même "sous l'influence de Jacques Gonzalez", président de la Blue Light Foundation -une coquille quasiment vide- arrêté en juin 2010, auquel il a reversé d'énormes sommes. Tilly se prenait semble-t-il vraiment pour un agent secret.

Toujours en prison, Thierry Tilly est entre autres jugé pour abus de faiblesse de personne en état de sujétion psychologique pour toute la famille. Jacques Gonzalez, malade et libre sous contrôle judiciaire, est jugé pour complicité et recel d'abus de faiblesse. Ils risquent dix et cinq ans de prison. L'avocat de Thierry Tilly, Me Novion, juge "grotesque" de parler de "secte" et de "gourou" dans cette affaire, et espère que le procès "ne s'écartera pas de la logique rationnelle". Me Picotin, avocat de plusieurs parties civiles et spécialiste des sectes, juge au contraire l'affaire "emblématique du problème, mal pris en compte en Europe, de la manipulation mentale", et espère que le procès "fera comprendre qu'elle peut frapper les gens les mieux installés dans la vie".

Ghislaine Marchand, membre de cette famille, raconte à TF1 son calvaire. "Ça peut arriver à tout le monde", dit-elle.
http://lci.tf1.fr/france/justice/l-ahurissante-affaire-des-reclus-de-monflanquin-en-proces-7540905.html

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