vendredi 28 septembre 2012

Un mari violenté par sa femme

Dominic, en bon sujet de Sa Très Gracieuse Majesté, arrive à la barre tiré à quatre épingles, sanglé dans un costume noir à la coupe impeccable. Des cheveux poivre et sel mi-longs, une barbe courte assortie et un accent délicieux. Un homme très calme, très posé, très poli aussi. En face de lui, sur le banc des parties civiles, Sylvie, une femme fluette, blonde, le regard bleu acier. Ensemble, ils ont une petite fille de 6 ans et vivent désormais séparés. Le dossier qui les oppose est un dossier de violences conjugales. On a l'habitude, hélas ! de voir ce type de violences dans le sens homme-femme, très rarement l'inverse. Il semblerait bien que pour une fois, ce soit le second cas. Et la présidente Gadoullet ne cache pas sa surprise : «Dans cette affaire, Madame déclare en fait tout et surtout n'importe quoi. à force de mentir, on n'est plus crédible». Tout y passe quand elle égrène ses griefs : Dominic est un «psychopathe», un pervers, un pédophile, un violent, un excité perpétuel, un «tortionnaire», un salaud qui a fait Cambridge pour devenir maffieux, on en passe et des plus mauvaises. Une litanie longue comme un jour sans agneau à la menthe. À la fin, Élisabeth Gadoullet donne la parole à Dominic : «Parlez, Monsieur, je pense que vous en avez bien besoin…» C'est peu de le dire. En fait, on se rend vite compte que le malheureux est agressé sans cesse, y compris physiquement. Mais le 19 octobre dernier, il a reconnu, après une dispute où Madame devenait violente, l'avoir repoussée contre le radiateur. Après réflexion, deux jours après, Sylvie se rend chez son médecin, qui établit un certificat on ne peut plus light, qui ne décrit rien de précis, puis s'en va porter plainte à la gendarmerie. «Heureusement que les audiences sont là pour qu'on y voie plus clair», soupire la procureure Markovitch, qui reconnaît explicitement que Sylvie a un peu trop tiré sur la ficelle avant d'ajouter : «Elle a déjà fait de même avec son premier mari». Sur sa chaise, Sylvie fusille Dominic du regard, qui reste impassible. Pas besoin d'être expert psychiatre pour voir de quel côté se situe la violence. «Vous avez reconnu l'avoir poussée, nous sommes donc obligés de vous condamner», semble s'excuser la présidente. 150 € d'amende avec sursis. «Et surtout, Monsieur, empêchez dorénavant tout retour de Madame au domicile conjugal, vous vous éviterez bien des ennuis.»

http://www.ladepeche.fr/article/2012/09/25/1448065-tous-les-moyens-sont-bons-a-madame-pour-enfoncer-monsieur.html

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