La cour d'assises du Gard statuant en appel, placée sous la présidence de Geneviève Perrin, a déclaré Anaïs Tellier, 24 ans, et Mohamed Hamidi Boudjelthia, 29 ans, tous deux coupable de violences volontaires ayant entraîné le 19 décembre 2008 à Orange le décès d'Eva, 14 mois, la fille d'Anaïs. Ils sont tous les deux condamnés à 14 ans de réclusion criminelle. En première instance, Mohamed Hamidi Boudjelthia avait été condamné à 12 ans et Anaïs Tellier à 15 ans. "La cour place les accusés sur un pied d'égalité, c'est le prix du partage de leur lourd secret", a sobrement commenté le bâtonnier Gontard au prononcé du verdict.
Après le sévère réquisitoire de l'avocate générale Bénédicte Bertrand, qui a réclamé mercredi une peine de 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des deux accusés, la parole était hier à la défense. Le bâtonnier Gontard a ouvert les "hostilités" en brisant la solidarité de la défense. Avec Me Nadia El Bouroumi ils n'avaient pas d'autre choix dans la défense de Mohamed Hamidi Boudjelthia.
La ligne est simple : ce Bollénois au grand coeur a eu pitié d'Anaïs Tellier qu'il a rencontrée en août 2008 à Avignon. Il a proposé à cette jeune femme qui errait de squat en squat de venir avec sa fille chez ses soeurs à orange. Là elle a pu se poser et entamer des démarches auprès des organismes sociaux. Trouver un appartement mais surtout prodiguer correctement les soins nécessités par sa fille après l'amputation d'une oreille. Mais Anaïs, qui a un caractère volcanique, a retrouvé ses vieux démons. "En apprenant que Mohamed avait un projet de mariage avec une autre, elle a voulu le reconquérir et pour cela elle a fait la pire des choses", hurle le bâtonnier. "C'est elle, et elle seule qui est coupable des violences qui ont entraîné la mort du bébé". "C'est pas vrai, c'est n'importe quoi", sanglote Anaïs Tellier avant que Me el Bouroumi ne porte l'estocade en démontrant que c'est bien elle qui a emmaillotée et ligotée sa fille le jeudi 18 décembre pour ne pas qu'elle bouge dans son lit et puisse librement rejoindre Mohamed. Des liens trop serrés qui vont participer à l'asphyxie de l'enfant qui décède le lendemain. Épuisé par une maltraitance quotidienne.
Moins virulents dans les mots mais tout autant dans l'accusation, Me Deschamps et Me Bigonnet proposent une lecture diamétralement opposée du dossier. Anaïs, l'ado rebelle transfigurée par la maternité, est tombée dans les griffes d'un "homme cruel". "Victime de violences conjugales", elle a très vite été "sous l'emprise" de Mohamed qui est parvenu "à l'éloigner de sa fille. C'est lui qui s'en occupait. C'est lui qui était violent... Sa faute terrible a été de ne pas réagir . Oui, elle a été négligente mais où sont les actes objectifs de violence qu'elle aurait commis et que l'on peut lui reprocher ?", demande avec insistance l'avocat aux jurés.
http://www.laprovence.com/article/actualites/orange-la-mere-deva-et-son-compagnon-ecopent-de-14-ans
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