jeudi 25 octobre 2012

En famille devant le tribunal

Ils sont quatre, cinq, peut-être six enfants. Mais seuls trois sont présents pour l'occasion du côté des parties civiles. En face d'eux, leur belle-sœur, accusée d'abus de confiance et d'abus de faiblesse sur la personne de leur mère. La prévenue aurait ainsi reçu 180 000 euros grâce à divers virements réalisés par sa belle-mère et grâce au «petit» cadeau que celle-ci lui a fait avant sa mort : la désigner comme unique bénéficiaire de son assurance-vie.
Mal lui en a pris visiblement puisque ladite belle-fille s'est retrouvée hier pour la troisième (quatrième peut-être) fois devant le tribunal pour s'expliquer du pourquoi de ce don soudain.
L'affaire remonte à 2006. Madame P., 91 ans, est gravement malade. Alors que l'une de ses filles, celle qui s'occupait d'elle au quotidien, est contrainte de rentrer chez elle pour se faire opérer, Madame P. se tourne vers le seul fils qu'elle voit encore régulièrement. La femme de celui-ci, belle-fille donc, prend en charge Madame P… qui choisit de la «gratifier», selon les termes de l'avocat de la défense, pour la remercier. Plusieurs virements sont alors signés, ainsi que des procurations sur les comptes de la vieille dame. A son décès, deux mois plus tard, les enfants héritiers se voient… déshériter, au profit de leur belle-sœur, l'époux de celle-ci, leur frère donc, ayant d'abord refusé l'argent proposé par sa mère. «Je n'ai jamais rien voulu moi», assure la prévenue. «Vous n'avez rien voulu, mais vous avez tout pris», rétorque aussitôt le président. Le procureur, lui, choisit d'interroger la partie civile : «Pourquoi n'avez-vous jamais demandé à votre mère ce qu'elle souhaitait faire de son patrimoine ?» Et d'estimer que, si Madame P. était particulièrement âgée, plusieurs témoignages attestent qu'elle semblait avoir toute sa tête. «Généralement, la personne qui commet l'abus de faiblesse est étrangère au cercle familial», rappelle-t-il. Pour lui, l'infraction n'est pas caractérisée. Le tribunal, lui, rendra son jugement le 13 décembre.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/19/1469042-auch-en-famille-devant-le-tribunal.html

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