vendredi 16 novembre 2012

Détenu lors de sa première comparution immédiate qui a dû être renvoyée au milieu du mois dernier, Marcel est revenu libre hier à la barre du tribunal pour évoquer son coup de folie de la nuit du 15 au 16 octobre.
« Tout le monde va mourir », criait cet ouvrier agricole de 66 ans. Contrarié par l’hospitalisation d’un de ses anciens employeurs et le retard pris dans la préparation du dîner, Marcel est d’autant plus énervé qu’il a bu. Son épouse échappe au pire en allant sortir la poubelle. À son retour la porte est fermée. La seule solution est de se rendre chez la voisine à laquelle Marcel passe un coup de fil. Sa femme doit rentrer parce qu’il veut la tuer. Elle ne revient évidemment pas. Il se venge sur un volet. La colère monte encore d’un échelon lorsqu’il va chercher, au grenier, une carabine calibre 7.64 rangée dans sa housse. Elle ne fera pas couler le sang. Le seul coup de feu tiré l’a été pour les nuages où flottent peut-être les problèmes existentiels que ce grand taiseux devra aborder un jour pour apaiser son mal-être.

Du plomb pour le GIGN

Cette arme intrigue le tribunal comme le ministère public. Marcel en disposait d’une première qu’il avait donnée à une connaissance de Neuves-Maisons. Parce que « j’avais peur de faire une bêtise », déclarait-il en procédure. Il a justement commis ce qu’il voulait éviter.
La situation s’aggrave au point d’amener deux gendarmes de Vézelise et le médecin de famille du prévenu sur place. Ils vont le rencontrer dans des circonstances plus que stressantes. Leur petit groupe progresse vers la maison dans le faisceau d’une lampe torche. En le promenant, les enquêteurs découvrent une image stupéfiante. « J’ai vu monsieur avec l’arme déjà épaulée. Il nous attendait », témoigne l’adjudant qui a éteint sa lampe pour se retirer plus facilement dans l’obscurité sans servir de cible.
« C’est possible. Je ne me souviens plus de l’avoir fait », précise Marcel. « L’arme était chargée ? », s’inquiète la présidente Serry-Loup. « Non ». Il avait des cartouches, mais dans sa poche. Trois, extraites d’un stock de plusieurs dizaines d’autres réservées au GIGN dont marcel savait qu’il pouvait intervenir. L’action s’est heureusement limitée à une intervention de négociateurs pour obtenir sa reddition, le 16 octobre à 9 h du matin après plusieurs d’un paradoxe. Le prévenu, assommé par l’alcool, dormait tranquillement chez lui quand à l’extérieur l’atmosphère était tendue.
Aux yeux du parquet cette affaire révèle un décalage impressionnant entre les faits et le profil « d’homme simple » du prévenu. Un homme qui doit par ailleurs son salut au sang-froid des gendarmes. Ils étaient en situation de légitime défense notent tour à tour un assesseur et l’accusation qui requiert 8 mois d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve pendant 3 ans. Un quantum inspiré par l’expertise psychiatrique retenant une abolition partielle du comportement.
« Vous pouvez être rassurés sur la personnalité de mon client et sa volonté de se soigner », plaide Me Sandrine Boudet. Le tribunal suit les réquisitions et accorde 800 € de réparation à chacun des deux gendarmes.

http://www.estrepublicain.fr/justice/2012/11/11/du-sursis-pour-le-forcene

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