lundi 12 novembre 2012

Lourdes. Elle dépouille sa mère atteinte d'Alzheimer

«J'avais peur de la tutelle.» Voilà l'explication de cette habitante de Lourdes, âgée de 63 ans, poursuivie pour avoir abusé de la faiblesse de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, pour lui prendre son argent. Un drame de la dépendance qui donne un brin la nausée.
Sans emploi, la prévenue est retournée vivre chez ses parents à l'âge de 40 ans. «On peut imaginer qu'elle a pu apporter une aide à ses parents.» Son avocat, Me Joseph Mesa, pense que «oui».
Éliane Markovitch, substitut du procureur, estime qu'elle a «vécu comme une enfant attardée sur le dos de ses parents». Après le placement du père en maison de retraite, la présidente Élisabeth Gadoullet juge qu'elle «a vécu aux crochets de sa mère, en dépensant son argent». En 18 mois, de janvier 2009 à juillet 2010, munie de la procuration de sa mère, elle a vidé ses comptes, retirant 26.000€. C'est sa phobie de la tutelle qui lui a fait vider les comptes de sa mère pour verser un «maximum d'argent sur un autre compte pour mettre l'argent de côté». Me Mesa explique d'ailleurs que «lorsqu'il a fallu payer une caution de 22.000 €, l'argent y était».

Sale dans ses excréments

La présidente Gadoullet estime que la mauvaise fille avait «surtout peur que l'argent soit utilisé pour sa mère». Car elle ajoute que de cet argent, la mère n'en a aucunement profité, «ni sur le plan de la nourriture ni sur celui de l'hygiène».
L'hôpital a constaté que la vieille dame souffrait de malnutrition et qu'elle se trouvait dans un état sanitaire déplorable.
«Vous la laissiez sale, dans ses excréments, sans drap», s'insurge la présidente. «On ne pouvait pas la tenir propre… Quand on lui disait qu'il y avait des odeurs, elle se mettait à crier. Au bout d'un moment, on ne peut plus tenir avec une personne qui a cette maladie.»
La réponse de la présidente Gadoullet cingle : «Il fallait faire intervenir une aide à domicile ou placer votre mère dans une structure spécialisée». La substitut Markovitch abonde : «Mais non, il ne fallait surtout pas appeler un médecin qui aurait effectué un signalement. Pourquoi ? Pour en soutirer le maximum d'argent le plus longtemps possible». Cela aurait pu continuer longtemps si la mère n'avait pas fait une fugue, ce qui a permis à l'affaire d'éclater au grand jour.
S'appuyant sur l'expertise psychologique de la prévenue, la présidente Gadoullet ajoute que la mère n'était ni payée «sur le plan financier ni sur le plan affectif». D'ailleurs, elle «n'est jamais venue voir sa mère à la maison de retraite», explique la tutrice. Pour la substitut du procureur, «l'abus de faiblesse est caractérisé».
Me Joseph Mesa estime que l'on «accable» sa cliente de «tous les maux». Il rappelle qu'elle n'est pas poursuivie pour «maltraitance». Certes, «elle n'a pas pris de bonnes décisions mais elle s'est retrouvée seule pour s'occuper de sa mère. Il n'y a pas de volonté malveillante». Et de demander la relaxe.
Sa cliente a été condamnée à 4 mois avec sursis, 500 € d'amende et à verser 26.000 € à la tutrice de la victime.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/11/09/1485156-elle-depouille-sa-mere-atteinte-d-alzheimer.html

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