jeudi 8 novembre 2012

Meurtre de Valentin : Moitoiret et Hégo seront jugés en mars aux assises de Lyon

Le 15 décembre dernier, après neuf jours de débats houleux, la cour d’assises de l’Ain avait tranché : Stéphane Moitoiret était « responsable » pénalement au moment des faits. Il avait été condamné à perpétuité, alors que l’avocat général réclamait trente ans de réclusion, et son ancienne compagne avait écopé de dix-huit ans de réclusion.
À l’audience, comme pendant l’instruction, il n’aura jamais reconnu l’assassinat de Valentin Crémault, un enfant de 10 ans tué de quarante-quatre coups de couteau, alors qu’il faisait du vélo dans une rue de Lagnieu, le 28 juillet 2008. Abruti de médicaments, Moitoiret avait traversé son procès comme un zombie, répondant d’une voix pâteuse « non » ou « je ne me souviens pas » aux questions.
À ses côtés dans le box des accusés, Noëlla Hégo s’était en quelque sorte retrouvée au centre des débats. Pendant vingt ans, elle avait partagé le délire mystique de son compagnon, la « mission divine » qui les menait aux quatre coins de France. L’accusation en avait fait une « instigatrice » indirecte du crime en ayant empli la tête de Moitoiret de concepts fumeux, même si elle n’avait pas de sang sur les mains. Comme son compagnon, elle était aussi jugée pour la tentative d’enlèvement d’un enfant en 2006 dans la Vienne. Un autre « Valentin » que Moitoiret voulait « acheter » avant d’envoyer un hélicoptère porter l’argent.
Le procès de Bourg-en-Bresse avait suscité une incroyable querelle d’experts, une controverse entre psychiatres sur la santé mentale de Moitoiret. Un procès « fou » selon tous les observateurs. Mais pas le crime d’un fou avait jugé la cour d’assises, qui avait le choix entre la prison ou un internement psychiatrique.
Du 18 au 29 mars prochain, la controverse reprendra devant la cour d’assises d’appel du Rhône à Lyon. « Le lourd traitement médicamenteux qu’il suivait a fait qu’il était terriblement absent de son procès et c’était une grande frustration », rappelle M e Hubert Delarue, l’un des avocats de Moitoiret. « L’aspect délirant du personnage avait disparu. Il faudra que les médecins adaptent son traitement pour qu’il puisse répondre autrement que par des borborygmes. »
L’avocat considère toujours que « sa place n’est pas en prison. Mais il faut que la société se protège, et les gens doivent savoir que désormais il existe des garde-fous. La loi empêche que des auteurs de faits gravissimes en internement psychiatrique soient libérés sur simple décision d’un psychiatre. »
M e Jean Renevier, qui défend Noëlla Hégo, compte, lui, sur l’obligation imposée depuis janvier 2012 aux cours d’assises de « motiver » leurs arrêts pour obtenir son acquittement : « Cette histoire d’enlèvement est absurde juridiquement, et en plus Hégo est toujours restée à l’écart. Et comment peut-on en faire une sorte d’instigatrice du meurtre de Valentin en interprétant des propos délirants tenus en garde à vue ? »

http://www.leprogres.fr/ain/2012/11/02/meurtre-de-valentin-moitoiret-et-hego-seront-juges-en-mars-aux-assises-de-lyon

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