jeudi 22 novembre 2012

Tarbes. En conditionnelle, le violeur brise son bracelet électronique et récidive

«Un casier judiciaire éloquent». La présidente du tribunal a beau se concentrer sur les faits, elle ne peut que souligner le lourd passé judiciaire de R.C. Deux attentats à la pudeur et surtout deux viols sur personnes vulnérables dont un sur une dame de 82 ans pour lequel il a été condamné par la cour d'assises des Ardennes à 20 ans de réclusion criminelle. Le 29 septembre 2009, l'accusé a bénéficié d'une mesure de libération conditionnelle. Oui mais voilà : le 9 décembre 2009 il a coupé son bracelet électronique et dès le lendemain, sous l'empire de l'état alcoolique, il a agressé, de nouveau, une personne vulnérable au centre social «Point d'eau» Saint-Vincent-de-Paul à Tarbes.
«Une pauvre femme en souffrance, toxicomane et en recherche d'affection qui boit» et mène une vie marginale, la décrit la présidente en son absence. L'accusé a procédé à des attouchements sur sa poitrine et sur son sexe, lui a donné une gifle, a tenté de lui baisser sa culotte et s'est mis à califourchon sur elle. Il lui a même proposé une fellation qu'elle a refusée tout net. L'homme a poursuivi sa proie dans toutes les pièces de l'appartement à tel point que la course-poursuite ponctuée de cris de la victime a incité la voisine à alerter immédiatement la police.
«Si elle présente des troubles psychologiques, la narration des faits est claire. Sa sexualité n'est pas décadente, elle ne s'est jamais livrée à aucune prostitution pour obtenir de la drogue» conclue l'expertise psychiatrique lue par la présidente.
Du côté du prévenu, l'enquête de personnalité révèle «un vécu marginal alternant rue et prison». Le prévenu a connu une enfance difficile et «sans affection», ballotté de familles d'accueil en foyers sans avoir connu ses parents. Le psychologue note dans son rapport «des carences majeures» et «une défiance intellectuelle considérable». Selon lui, l'accusé «n'a pas intégré les notions de loi et d'interdit» mais «ne présente pas d'état dangereux» quand il n'est pas alcoolisé.
Pour la défense de la victime, Me Perez qui se constitue partie civile, demande «une sanction sévère» pour un homme qui aurait profité d'«une femme cabossée par la vie, sans défense, qui cherche seulement un peu d'affection». Le vice-procureur de la République François Jardin requiert une peine de 8 ans d'emprisonnement et un suivi sociojudiciaire de 5 ans. Non sans observer que le prévenu «est l'illustration des problèmes de traitement des fins des longues peines» et du suivi des détenus qui bénéficient de la mesure du bracelet électronique.
Me Bertrand, conseil de la défense, n'hésite pas à mettre en cause la responsabilité du système judiciaire, la précision du témoignage de la victime qui mène «une vie marginale et désordonnée». Tout en louant les efforts de réinsertion de son client. Pour lui, «c'est une rencontre fâcheuse entre deux personnes brisées et deux poivrots. Il ne faut pas considérer seulement la dangerosité de mon client mais la capacité de compréhension de la peine par l'accusé».
Le tribunal condamne R.C à une peine de 8 ans d'emprisonnement assortie d'un suivi sociojudiciaire avec injonction de soins pendant 5 ans.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/11/17/1491261-le-violeur-renoue-avec-ses-demons.html

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