vendredi 2 novembre 2012

Une victime traumatisée, une accusée schizophrène

Dernier jour d'assises à Cahors. Ce vendredi est consacré au réquisitoire de l'avocat général et aux plaidoiries des avocats. L'accusée cherche un soutien, un regard. Elle croise celui de son père. Récit…
Marie-Grazziella Gil a-t-elle voulu tuer Aurore, sa rivale, pour laquelle elle éprouvait un très fort sentiment de jalousie, au point de la scalper le 11 mars 2010 à Figeac (lire notre édition d'hier) ? Aujourd'hui, la parole est donnée à Laurent Belou, avocat de la victime, et à son confrère de la défense, Laurent Mascaras, avant le verdict attendu dans la journée. Hier, la cour d'assises de Cahors s'est surtout consacrée à l'écoute attentive des experts médicaux qui ont examiné l'accusée (lire notre encadré). Au préalable, son père l'a présentée comme «une enfant qui n'a pas été très suivie par les services sociaux et médicaux».
Une femme dont la première de ses dix tentatives de suicide remonte à l'âge de 8 ans.
Du jamais vu ! Une femme qui a avorté à trois reprises et dont la garde de sa petite fille lui a été retirée. «C'est tout cela qui est à l'origine de ses problèmes de drogue. ça lui prend la tête», considère son père. Ce routier de profession a reconnu ne pas avoir été très présent aux côtés de sa fille, en raison de son métier qui l'éloignait régulièrement du foyer familial.
«Mon épouse avait la main lourde sur ma fille. Elle la frappait souvent. Ensuite Marie-Grazziella a vite traîné avec des gens peu fréquentables à Figeac. J'ai fait ce que j'ai pu pour l'aider comme chaque papa doit le faire», insiste-t-il, les bras le long du corps pour marquer son impuissance devant la violence manifestée ensuite par sa fille. L'ex-compagnon de Marie-Grazziella Gil, appelé à la barre pour témoigner, n'y a pas été de main morte, pour parler de sa relation «amoureuse» avec l'accusée.
Point de roses dans sa prose. Des épines seulement. «On a vécu trois mois ensemble. Elle m'a piégé en tombant enceinte !» s'exclame-t-il, ajoutant : «C'est une personne dangereuse».
Où est l'amour dans tout ça ? À l'évidence, il n'y en avait guère dans ce couple.

La victime était enceinte

La main lourde évoquée par le père, hélas, sa fille en a reproduit l'exemple sur sa rivale, profondément marquée par les coups répétés que Marie-Grazziella Gil n'a pas hésité à lui asséner à l'aide de ses poings, d'une tondeuse à cheveux et d'une paire de ciseaux. La victime, longuement examinée par une spécialiste de l'étude comportementale, a détaillé son agression à cette experte.
«Elle a déclaré que l'accusée lui a renversé sur les cheveux de l'huile de tournesol, ainsi que de l'assouplissant à la vanille. Mais le pire, pour elle, ce sont les coups portés sur son ventre qui ont tué son bébé. Elle était enceinte d'un mois et demi, m'a-t-elle dit», résume l'experte.
Lors des auditions préliminaires, Aurore avait assuré que Marie-Grazziella Gil hurlait : «Je vais te tuer, toi et ton bébé».
Dans le box, l'accusée nie.
Aurore n'a pas oublié : «Un instant, après m'avoir frappée, Marie-Grazziella Gil s'est accordée une pause pour aller boire. Alors je me suis assise car j'avais la tête qui tournait. Mais elle est revenue vers moi, m'a forcée à me coucher et m'a donnée d'autres coups», décrit-elle la voix tremblante. Les séquelles psychologiques sont vives chez Aurore. Elle a rejoint sa place dans un grand silence, le visage défait par la pénible évocation des faits.
Une terrible épreuve pour elle.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/10/26/1475112-une-victime-traumatisee-une-accusee-schizophrene.html

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