dimanche 16 décembre 2012

Castres. Elle aime encore celui qui la frappe

L'homme repartira du tribunal de Castres comme il y est entré hier après-midi : entre deux gendarmes. Il était présenté dans le cadre d'une comparution immédiate pour avoir agressé son épouse, quasi quotidiennement, à leur domicile du quartier de Lardaillé, entre septembre 2011 et décembre 2012. Notamment à la suite de deux disputes violentes les 27 novembre et 5 décembre derniers, cet après-midi où le conflit conjugal s'est déplacé devant une boutique de la rue Sabatier. Une commerçante et des témoins ont vu la dame se faire malmener dans le véhicule conduit par son mari, arrêté au milieu de la chaussée, ce dernier l'empêchant de sortir de la voiture. Plus tard, devant les policiers, l'épouse brimée, insultée, frappée, harcelée, violentée en permanence (de nombreux certificats médicaux en attestent) évoquera une situation difficile depuis 2011, depuis son mariage avec cet Algérien de 46 ans, arrivé en France dans les années 2000. Ils ont entamé une relation amoureuse jusqu'en 2006. Entamée car, suite à une expulsion, il est reparti vivre en Algérie pendant cinq ans pour revenir et épouser sa belle. À la barre, il dira, par bribes : «Je n'ai jamais violenté ma femme volontairement. Un jour, je l'ai touchée à l'oreille, juste comme ça, c'était un geste involontaire !» Son épouse a eu un tympan perforé.

«On va repartir à zéro…»

Hier, contre toute attente, la victime aux traits tirés, vêtue d'une robe noire, a annoncé au tribunal vouloir «lui donner une autre chance ! J'aime cet homme, on va repartir à zéro. Je reviens sur mes propos, il n'est pas mauvais au fond…» Cela malgré l'insistance de la présidente Anne Maffre : «Aucune raison ne justifie des violences sur une personne !» Malgré aussi un réquisitoire… pédagogique : «Madame, c'est vous la victime. Nous sommes dans un cas d'école complet ! Un cas avec des harcèlements, des violences habituelles et vous dites que c'est votre faute à vous ! Vous êtes coupée de toute vie sociale ou professionnelle, vous subissez une pluie de coups au quotidien. Vous êtes la victime de votre mari et non le contraire !» Cécile Deprade requiert un an de prison, dont 6 avec sursis. De son côté, la défense réclame le sursis. Au final, après avoir délibéré, le tribunal condamne le mari violent à une peine de 6 mois de prison, dont 4 avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans, ordonnant son maintien en détention.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/12/11/1510907-elle-aime-encore-celui-qui-la-frappe.html

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