samedi 15 décembre 2012

Il fait chauffer la carte bleue de sa société

Un homme qui a vécu aux frais de la princesse, ou plutôt aux frais de la société dont il était responsable. C’est ainsi que l’on pourrait résumer l’histoire de Bernard Dubrulle. Jeudi après-midi, l’homme devait comparaître devant le tribunal d’Epinal pour abus de biens sociaux, entre 2004 et 2005, aux dépens de la société dont il était l’administrateur à l’époque, à savoir la SAS Pierrat, une entreprise basée à Domfaing et spécialisée dans le bois.
Sauf que personne n’est présent à la barre. Le prévenu, âgé de 69 ans, réside désormais en Suisse. Il a remis un certificat médical stipulant que son état de santé l’empêche de se déplacer. Une absence regrettable aux yeux des juges, du parquet mais aussi de son avocat, Jean-Loup Roussel, car ils avaient tous de nombreuses questions à lui poser au regard de son train de vie dispendieux pendant plus d’un an et demi.
Il suffit d’écouter la présidente du tribunal, Monique Thomas, pour comprendre que le sexagénaire n’est pas du style radin. Entre janvier 2004 et octobre 2005, l’homme aurait voyagé dans toute l’Europe. Il aurait séjourné dans des hôtels à 2 000 € la nuit. Le dirigeant aurait également fait preuve d’une certaine folie des grandeurs lors de dîners dans des restaurants prestigieux avec des notes s’élevant là aussi à près de 2 000 €. Seul souci : il a effectué toutes ces dépenses avec la carte bleue de la société.

Une note salée de 392 683 €

Selon M e David Collot, avocat des créanciers de la SAS Pierrat, ces dépenses astronomiques auraient créé de grands torts à la société. L’homme serait en partie responsable des problèmes financiers qu’a connue l’entreprise par la suite. Cette dernière a été placée en redressement avant de connaître une liquidation judiciaire. Mais l’outil de production a été préservé et la société a pu bénéficier d’une reprise d’activité. La société a pu être sauvée mais, pour l’avocat des créanciers, il est grand temps que le prévenu rembourse ce qu’il doit : « Bernard Dubrulle a effectué 77 000 € de retraits personnels. Il a fait des virements, pour près de 123 000 €, auprès de destinataires dont on n’arrive pas à définir le lien avec la SAS Pierrat. De plus, 117 015 € de cette société ont été versés sur le compte d’autres entreprises. Enfin, le prévenu a dépensé 28 000 € dans des hôtels et restaurants et 47 000 € au casino (principalement dans celui d’Annemasse en Haute-Savoie) ». Les chiffres s’accumulent vite et la note finale est salée : 392 683 € !
« Le prévenu a arrêté ses agissements grâce à la dénonciation faite par le commissaire aux comptes », lance le substitut du procureur Guillaume Katawandja. Revenant sur le passé du sexagénaire, le représentant du ministère public souligne que cet ancien ingénieur a déjà été condamné pour des faits similaires. Le parquet requiert un an de prison ferme et un mandat d’arrêt à l’encontre de Bernard Dubrulle.
« Mon client n’a commis que des infractions qui relèvent du code du commerce », rétorque M e Jean-Loup Roussel, avocat de l’ex-administrateur. La défense se dit même surprise par la sévérité des réquisitions. « Mon client a commis des erreurs. Il a mené la grande vie mais il avait de grands projets pour la SAS. Je vous demande l’indulgence », scande M e Roussel.
Il n’a pas été entendu. Le tribunal a condamné Bernard Dubrulle à un an de prison ferme et a décerné un mandat d’arrêt à son encontre. L’homme devra également rembourser la somme de 392 683,08 € demandée par les créanciers de la société

http://www.republicain-lorrain.fr/faits-divers

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