jeudi 20 décembre 2012

Lavaur. Le vendeur d'électroménager jouait l'argent du patron

L'ancien responsable d'un magasin d'électroménager de Lavaur était jugé pour abus de confiance hier au tribunal d'Albi. Se disant bipolaire, il avait détourné plus de 22000€ pour assouvir son addiction au jeu.
Il entame une reconversion dans la gestion de l'eau et des déchets. Sage décision que celle de Christophe, un père de famille de 46 ans, qui comparaissait hier devant le tribunal correctionnel d'Albi pour abus de confiance. Responsable d'un magasin d'électroménager de Lavaur, il aurait détourné à son profit un peu plus de 22 000 euros correspondant à des règlements de clients. Son patron ne s'était rendu compte de rien jusqu'à ce qu'une cliente, qui avait payé en liquide un frigo américain pour 1999€ revienne pour réclamer la garantie… et qu'on se rende alors compte que cet achat n'apparaissait nulle part sur la comptabilité.
Particularité (et ce n'est pas la seule) dans ce dossier : le prévenu n'avait pas attendu d'être démasqué et était allé tout avouer à son patron albigeois. Éclair de lucidité ou sentiment de culpabilité ? Rien de tout ça. A la barre, Christophe expose un facteur médical. «Je souffre de troubles de bipolarité. Aujourd'hui, je me soigne, je suis suivi mais au moment des faits, j'étais dans l'inconscience de mes actes.» Étonnement parmi le collège des magistrats et sur le banc des parties civiles. «Qu'en avez-vous fait de cet argent», interroge la présidente Brigitte Schildknecht.
«Je l'ai dépensé au fur et à mesure. Je n'en ai tiré aucun profit. J'ai tout perdu en jouant.»
Me Hervé Fournié, partie civile pour l'entreprise d'électroménager, n'est pas dupe de cette stratégie de défense : «La bipolarité, à ma connaissance, cela n'entraîne pas ipso facto que quelqu'un qui est addict aux jeux vole son employeur. Il faut être sérieux.»

Certitude du gain

Le procureur Pascal Suhard a du mal lui aussi à cerner la personnalité de Christophe. Il pense plutôt que le vendeur a arbitré «entre la certitude du gain acquis à court terme et la crainte lointaine de la sanction».
Pour Me Jean-Baptiste Alary, en défense, «ce trouble de bipolarité est une réalité. Il n'a pas aboli le discernement de mon client mais il l'a altéré très certainement. Quand on est maniaco-dépressif, pendant la phase maniaque on se dit qu'on ne peut pas se faire attraper». Et l'avocat d'évoquer le souvenir marquant d'une de ses clientes bipolaires qui, de nuit, munie d'une pince coupante, était allée rendre leur liberté à des dizaines de chiens enfermés dans un chemin près d'Albi ! Le vendeur d'électroménager n'a pas été jusque-là. Il donnait même toute satisfaction à son employeur. Ce dernier «ne l'a pas licencié pour faute grave, optant pour une rupture conventionnelle de contrat», rappelle Me Fournié. Sauf que Christophe n'a pas respecté jusqu'au bout cet accord. «À ce jour, il a remboursé 4 000€.» Il devra régler le reliquat des sommes détournées, soit 18 886 euros. Car le tribunal l'a condamné à 4 mois de prison assortis d'un sursis avec mise à l'épreuve pendant 3 ans avec obligation de rembourser la victime.

http://www.ladepeche.fr/article/2012/12/14/1514039-lavaur-le-vendeur-d-electromenager-jouait-l-argent-du-patron.html

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