mardi 18 décembre 2012

Montigny-les-Metz: Vers un renvoi de Francis Heaulme devant une cour d'assises

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lorraine examine ce mardi, une demande de renvoi de Francis Heaulme pour le double meurtre de Montigny-les-Metz...
C’est un «nouvel espoir» pour l’avocate de la maman d’une des deux victimes. «Une surprise» pour celle du tueur, Francis Heaulme. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Lorraine examine, mardi matin, une demande de renvoi aux assises du «Routard du crime» pour ce double-meurtre qui n’a jamais été élucidé depuis 1986. 20 Minutes fait le point sur l’affaire.

Que s’est-il passé le 28 septembre 1986?

En fin d’après-midi, deux enfants, Cyril Beining et Alexandre Beckrich, sont retrouvés morts le long d’une voie de garage de la SNCF à Montigny-les-Metz. Rapidement, les enquêteurs expliquent que les deux enfants ont été tués à coups de pierre. Ils avaient moins de dix ans et résidaient dans la même rue que Patrick Dils.

Pourquoi Patrick Dils a-t-il été accusé de ce double-meurtre?

C’est d’abord un appel anonyme qui souffle le nom de Patrick Dils aux enquêteurs qui veulent rapidement résoudre cette affaire qui secoue l’opinion publique. Agé de 16 ans, Patrick Dils est un apprenti cuisinier fragile et timide. Dépassé par les événements et poussé dans ses retranchements par les enquêteurs, il finit par reconnaître les faits après 36 heures de garde à vue. Il se rétracte devant le juge d’instruction mais admet de nouveau être l’auteur du double-meurtre le jour de la reconstitution au cours de laquelle il se saisit intuitivement de la pierre qui a servi à tuer les deux enfants. Le 27 janvier 1989, il est condamné à la prison à perpétuité par la cour d’assises des mineurs de Moselle à l’issue d’un procès où il ne prononce pas plus d’une quinzaine de mots. Les parents des deux jeunes victimes expliquent à l’époque qu’ils auraient souhaité la peine de mort pour Dils.

Comment le nom de Francis Heaulme est-il apparu dans ce dossier?

C’est plus de dix ans après les faits que le nom de Francis Heaulme fait son apparition dans le dossier. A l’époque, Jean-François Abgrall, adjudant-chef à la section de recherches de la gendarmerie de Rennes, enquête sur toutes les affaires dans lesquelles celui que l’on appelle le «Routard du crime» pourrait être impliqué. Dans un document, il fait état d’un entretien qu’il a eu avec Francis Heaulmes en prison. Il explique que Heaulmes lui a indiqué avoir fait une «promenade à vélo le long d’une voie de chemin de fer dans l’est de la France, avoir reçu des pierres jetées par des enfants, être parti, puis être repassé quelques minutes plus tard et avoir vu le corps des enfants».

Comment l’innocence de Dils a-t-elle été reconnue?

Après avoir essuyé un premier refus, les avocats de Patrick Dils parviennent à obtenir l’annulation de sa condamnation à perpétuité lors d’une audience devant la Cour de révision en 2001. La Cour refuse pour autant de le remettre en liberté et ordonne la tenue d’un nouveau procès. Celui-ci se tient en juin 2001 devant la cour d’assises des mineurs de la Marne. Francis Heaulmes qui intervient alors comme témoin souhaite «bonne chance» à Patrick Dils. Tout le monde est persuadé que l’accusé va être acquitté mais le jury en décide autrement et condamne de nouveau Patrick Dils à une peine, cette fois, de 25 ans de prison pour le double-meurtre de Montigny-les-Metz. Un an plus tard, Patrick Dils est rejugé en appel devant une foule de journalistes. Des preuves sont produites expliquant qu’il n’a pas pu commettre le crime à 17h car il n’est rentré chez lui, après son travail, qu’à 18h45. Il est libéré après avoir fait quinze ans de prison. Il touchera plus tard un million d’euros de la part de l’Etat en guise de réparation du préjudice subi et racontera son histoire dans un livre.

Comment Francis Heaulme a-t-il été mis en cause?

D’abord mis en examen pour le double-meurtre de Montigny-les-Metz en 2006, Francis Heaulme bénéficie finalement d’un non-lieu en 2007 après que les résultats d’analyses ADN effectuées sur le pantalon qu’il portait ce jour-là ne correspondent pas à celui des deux petites victimes. Mais pour les magistrats le doute demeure. En octobre dernier, le procureur général de la cour d’appel de Metz indique qu’il vient de rédiger soixante pages de réquisitions destinées à renvoyer Francis Heaulmes devant une cour d’assises pour répondre du double-meurtre de Montigny-les-Metz. Auteur de neuf meurtres commis entre 1984 et 1992, Francis Heaulmes a été condamné à la prison à perpétuité. Il purge sa peine à la maison centrale d’Ensisheim (haut-Rhin).

Quels sont les éléments troublants?

«Mon style, c'est l'Opinel. Et j'étrangle à mains nues… Montigny, c'est pas moi», a toujours prétendu Francis Heaulme pour se disculper du double-meurtre de Montigny-les-Metz. Il n’empêche, beaucoup d’éléments troublants ont été relevés par le parquet général. Le jour des faits, Francis Heaulme travaillait, en réalité, dans une entreprise située à 400 mètres de l’endroit où les deux corps ont été retrouvés. Interrogé, Francis Heaulme a été capable de dresser un plan minutieux des lieux. Il a également reconnu avoir reçu des pierres qui auraient été jetées par les enfants. «Il y a des gens qui sont allés aux assises pour moins que ça», confie à 20 Minutes Dominique Boh-Petite, l’avocate de la maman du petit Cyril.

Quelle est la suite de la procédure?

Mardi matin, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Metz va donc examiner les réquisitions du procureur général lors d’une audience publique. A l’issue de l’audience, elle va mettre sa décision en délibéré. Cela pourrait prendre entre un et deux mois avant qu’elle ne publie sa décision de renvoyer, ou pas, Francis Heaulme devant les assises pour cette affaire. «On peut imaginer que le procès intervienne fin-2013», prophétise Dominique Boh-Petit.

http://www.20minutes.fr/societe/1065879-montigny-les-metz-vers-renvoi-francis-heaulme-devant-cour-assises

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