jeudi 27 décembre 2012

Roquecourbe. Une relaxe rocambolesque

A six jours de Noël, le tribunal correctionnel de Castres a jugé hier matin une affaire à raconter autour de la table le soir du réveillon, entre le foie gras et la dinde, quand l'auditoire est encore attentif.
L'histoire commence au mois d'août dernier, à Roquecourbe, lorsque les gendarmes aperçoivent un homme d'une quarantaine d'années au volant de sa voiture. Jusque-là rien d'anormal a priori. A ce détail près que la personne, connue des militaires, est en période de retrait de permis. Les gendarmes font alors demi-tour et suivent le conducteur jusqu'au parking de son domicile. Après vérification de la plaque d'immatriculation, la confirmation de la suspension de permis tombe. Cependant l'homme refuse de suivre les gendarmes au poste sans convocation officielle. Elle sera bien envoyée… mais seulement quinze jours plus tard.

Une plaidoirie «bien ficelée»

Arrivé à la gendarmerie, l'individu n'accepte pas l'audition libre. Il est donc mis en examen avec un avocat commis d'office. Surprise de taille pour les gendarmes : dans sa déclaration, il certifie alors que ce n'était pas lui au volant mais un ami. Lequel vient ensuite témoigner de la bonne foi du camarade ! Hier, le ton est parfois monté à l'audience, l'affaire étant loin d'amuser le procureur, Manuela Garnier, qui lançait ainsi à Maître David Cucullières : «Vous ne pouvez pas accuser les gendarmes de mentir, ni remettre en cause leur parole !». L'avocat répondait sans détour, par un discours astucieux : «Je crois les gendarmes sur parole. Notamment lorsque dans leur rapport, ils affirment avoir vu le véhicule et une seule personne en sortir. Mais qu'à cause des vitres teintées, ils ne peuvent certifier l'identité du conducteur. Moi, quand j'arrive devant un tribunal et qu'un dossier n'est pas ficelé, le tribunal, à juste titre, me sanctionne. On reproche à mon client la conduite, sans preuve. Les gendarmes n'ont pas bien ficelé leur enquête donc, je demande la relaxe au bénéfice du doute.» Option choisie par le président au détriment du lourd réquisitoire du procureur (quatre mois de prison ferme et annulation du permis de conduire). Voilà ce que l'on appelle une plaidoirie «bien ficelée».

http://www.ladepeche.fr/article/2012/12/20/1519246-roquecourbe-une-relaxe-rocambolesque.html

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