lundi 17 décembre 2012

Sa condamnation pour meurtre annulée, Marc Machin rejugé

Après l'annulation de sa condamnation pour le meurtre d'une jeune femme au pont de Neuilly en 2001, Marc Machin est rejugé à partir de lundi devant les assises de Paris. Son acquittement est quasi-certain, un autre homme a été condamné pour cet assassinat.
Il a passé près de sept ans en prison pour un meurtre commis par un autre. A partir de lundi, Marc Machin est rejugé par la cour d'assises de Paris dans l'affaire dite du meurtre du Pont de Neuilly. Son procès dure jusqu'au 21 décembre.

L'épilogue d'une rarissime procédure de révision. Sa condamnation ayant été annulée et un autre homme, David Sagno, condamné pour les faits, Marc Machin, 30 ans, devrait devenir la huitième personne, en France, depuis la seconde guerre mondiale, à être acquittée d'un crime à l'issue d'un procès en révision. "Il attend ça avec impatience", selon son avocat, Louis Balling. "Il est très en colère et aura besoin de dire les choses avec véhémence." (Lire :
Les cas de révision restent rares en France)

Celui qui avait le profil du coupable idéal. A 19 ans, ce jeune homme qui passait son temps à boire et fumer du cannabis, et avait déjà à son casier des actes de violence et deux agressions sexuelles, avait avoué en garde à vue le meurtre de Marie Agnès Bedot, une mère de famille de 45 ans tuée à coups de couteau au Pont de Neuilly le 1er décembre 2001. Bien qu'il se soit ensuite rétracté et qu'aucune expertise ADN ne l'ait impliqué, il avait été condamné aux assises en 2004, puis en appel en 2005, à 18 ans de réclusion criminelle. (Voir :
Meurtres du Pont de Neuilly : Machin a avoué "sous la pression")

"Il y a eu un effet tunnel", estime son avocat Me Balling. Une autre femme avait pourtant été tuée avec un tesson de bouteille au même endroit, en mai 2002, alors qu'il était en détention provisoire, mais le juge d'instruction en charge de son affaire avait refusé de joindre les deux dossiers. "A partir du moment où les policiers et le juge d'instruction ont été convaincus que Marc Machin était l'auteur du crime, ils n'ont plus cherché ailleurs", relate son défenseur. Ses premiers aveux et son profil de délinquant avaient alimenté cette conviction, ainsi que le témoignage d'une infirmière. Abordée par un individu qui lui avait fait des avances sexuelles à proximité du lieu du crime, le matin du 1er décembre 2001, cette femme avait en effet dit reconnaître en Marc Machin l'homme qui l'avait effrayée ce jour-là.

Le rebondissement. Dans la nuit du 3 au 4 mars 2008, un SDF de 33 ans, David Sagno, s'est présenté dans un commissariat de police pour s'accuser des deux meurtres du Pont de Neuilly. La précision des détails qu'il a donnés sur les crimes, et son ADN retrouvé sur ses victimes, jusque sous les ongles de Marie-Agnès Bedot, ne laissèrent aucun doute. En février 2012, David Sagno a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle pour les deux meurtres. Entretemps, la procédure de révision de la condamnation de Marc Machin a été enclenchée, et il est sorti de prison le 7 octobre 2008, après y avoir passé six ans et dix mois. (Lire :
30 ans de réclusion pour David Sagno)

En avril 2010, la Cour de révision a annulé sa condamnation. Elle a cependant estimé ne pas être "en possession de l'intégralité des éléments lui permettant de déclarer (son) innocence" et a ordonné un nouveau procès. Il a appris la nouvelle en prison, étant à cette époque de nouveau incarcéré, pour trois agressions sexuelles. Libéré il y a quelques semaines, il comparaîtra libre à partir de lundi. (Vidéo :
La condamnation de Marc Machin annulée)

"Il n'y a pas d'autre solution que l'acquittement, estime son avocat. David Sagno était dans un délire, il a décrit un rituel qui exclut toute forme de complicité." Au procès Sagno en février, l'avocate de la soeur de Marie-Agnès Bedot, Me Nathalie Ganier-Raymond, restait pour sa part convaincue que Marc Machin se trouvait bien sur le Pont de Neuilly le jour du crime. Le procès devrait servir à dissiper les dernières zones d'ombres.
 

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