lundi 21 janvier 2013

Détenu tué par un sniper : le commanditaire présumé aux assises

Le procès du commanditaire présumé du meurtre d'un détenu dans la cour de la prison de Varces en Isère, par un sniper qui s'est depuis suicidé, s'ouvre ce lundi devant les assises du Rhône.
Le 28 septembre 2008, il est près de 17 heures quand Sghaïr Lamiri, 29 ans, est abattu de cinq balles. Particularité : il se trouve au moment des faits dans la cour de promenade de la prison de Varces, en Isère, où il purge une peine de huit années d'emprisonnement pour vols à main armée. Nordine Aguaguena, autre détenu qui se porte à son secours, est grièvement blessé au poignet gauche. Les coups de feu proviennent d'un tireur embusqué positionné sur une colline surplombant l'établissement pénitentiaire. Du jamais vu dans les annales judiciaires.
Un quart d'heure après, Marcel Egea est arrêté sur une moto volée, repérée peu avant la fusillade par des gendarmes, qui avaient placé l'engin sous surveillance. L'homme portait sur lui un fusil de chasse à lunette Remington dont le canon était encore chaud et était vêtu d'une tenue de camouflage. Il prétend être venu… cueillir des champignons.

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La famille d'un détenu tué par un sniper porte plainte
Fortement soupçonné d'être le sniper, Marcel Egea devait être jugé en avril 2012 mais cet homme de 61 ans s'est pendu avec un câble alimentant des appareils électriques, dans sa cellule à l'isolement de la maison d'arrêt de Lyon-Corbas, au matin de l'ouverture de son procès.
Reporté, le procès se tient à nouveau aujourd'hui, avec les autres accusés. C'est notamment Mourad Bouziane, accusé d'être le commanditaire du crime, qui comparaît jusqu'au 1er février aux assises de Lyon. A ses côtés, deux amis de Marcel Egea, qui ont reconnu avoir servi d'intermédiaires.
Règlement de comptes dans le milieu grenoblois
L'enquête a permis de montrer que l'homme abattu, Sghaïr Lamiri, était lié à l'un des clans s'affrontant dans des règlements de comptes sanglants dans l'agglomération grenobloise depuis plusieurs années. Son frère Lasaad Lamiri, trafiquant notoire, avait été tué en 2003. D'après des informateurs de la police, Sghaïr Lamiri était tenu pour responsable d'un guet-apens monté en avril 2007 en Isère, à Champagnier, dans lequel un homme était mort et un autre avait été blessé grièvement. Mourad Bouziane en avait réchappé. Rapidement après la fusillade de Varces, des renseignements anonymes désignaient Bouziane, alors âgé de 23 ans, comme le commanditaire. Des interceptions téléphoniques permettaient de faire le lien entre Marcel Egea et le jeune homme.
Ce dernier, qui clame son innocence, est poursuivi pour complicité de meurtre et tentative de meurtre en bande organisée, les deux amis d'Egea pour recel du produit du crime et remise illicite d'objets à détenu. Le défenseur de Bouziane, Me Florent Girault, entend montrer à l'audience "la faiblesse de la conviction policière, qui n'est assise sur aucune preuve". Selon l'avocat de la famille Lamiri, Me Ronald Gallo, ses clients, qui ont perdu deux frères, "abordent la justice avec peu d'assurance et de l'inquiétude".

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