vendredi 22 février 2013

Agen. Procès du soldat tueur : des souvenirs et une pluie de larmes

Les familles des victimes du double assassinat de Saint-Eutrope-de-Born sont venues hier raconter leurs souffrances, pointant du doigt des accusés «sans regrets ni compassion».
Les larmes ont beaucoup coulé hier, lors de la quatrième journée du procès des deux assassinats de Saint-Eutrope- de- Born. Des pleurs que n'a pas vus ni entendus Raymond Térématé, lequel n'a pas réintégré son box. Le Tahitien n'a ainsi pas fait face à la douleur des familles. «Même absent, il nous fait peur», relèvera Me Martial dans sa plaidoirie.

«Vous êtes des monstres»

On a donc, hier, longuement évoqué les deux victimes bien sûr, Hakim Aïssa et Benjamin Genet, mais aussi les trois enfants que ce dernier a eus avec la coaccusée, Bérengère Jappet-Granon. Trois petits, dont l'aîné, 7 ans à l'époque de la mort de son père a vécu le premier crime et est aujourd'hui «traumatisé», a «la peur des armes en même temps qu'elles le fascinent»….
Sa grand-mère, la mère de Benjamin Genet, est venue confier sa douleur, elle dont le mari s'est suicidé un an après les faits. Ce qui fera dire à la sœur de Benjamin, rapportant que Bérengère avait téléphoné à son père juste après la disparition de son compagnon en lui assurant qu'il l'avait laissée seule avec les enfants «Cela l'a fait pleurer». Et se tournant vers l'accusée, elle lui lança calmement : «Tu n'as pas commis un assassinat, mais deux…»
Toujours des témoignages d'une dignité à en pleurer, avec ceux d'une sœur et d'un frère de Hakim Aïssa. «Il ne méritait pas ça, nous ne méritions pas ça, sa fille ne méritait pas ça. On attend une réponse que l'on n'aura jamais, dit la première. On espérait un petit morceau de vérité, mais il est mort, mais on ne sait pas pourquoi et comment. Nous, on a rien». Pointant du doigt l'accusée, elle lâcha cette phrase : «Cette personne n'a pas de compassion, pas de regrets».
Plus dur encore, fut le frère qui dit d'une voix presque douce : «Vous êtes des monstres. J'aurai souhaité le dire aussi à… je n'ai pas de qualificatif pour lui»

On expliquera au petit

Les plaidoiries qui suivirent furent dans le ton. Me Edouard Martial, partie civile pour les membres de la famille Aïssa, a encore fait pleurer sur les bancs lorsqu'il évoqua «un garçon joyeux qui «ne parlera plus jamais». De même quand il lança : «Un homme qui en tue un autre et le met sur un bûcher, c'est impossible ? Si, c'est possible… Un homme qui en découpe un autre, c'est impossible ? Si c'est possible…». Évoquant l'absence de corps, il terminera : «Sa famille ne pourra jamais poser quelques brindilles sur la tombe de l'espiègle»
Tout autant d'émotion en suivant, quand Me Sandrine Derisbourg représentant les intérêts des trois enfants de Benjamin et Bérengère, a évoqué leur sort depuis le drame. «Les deux grands savent que je suis là et pourquoi, a-t-elle souligné et un jour on l'expliquera au petit dernier». Un petit dernier né en prison où il resta 18 mois dans un tête à tête obsédant avec sa mère, bercé par le bruit des clés et des serrures, découvrant le monde derrière les barreaux et qui aujourd'hui en est au contraire séparé».» Émotion, enfin, quand l'avocate toulonnaise, Me Mercier, conseil de la mère et la sœur de Benjamin Genet, eut pour sa part une formule forte à l'adresse de la coaccusée en faisant référence au Tahitien : «Elle a lâché son chien à l'attaque»…
Accusé d'enlèvement, séquestration et assassinats, Raymond Térématé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Complice présumée du deuxième crime, Bérengère Jappet-Granon est exposée, théoriquement s'entend, au même couperet.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/02/22/1567300-agen-proces-du-soldat-tueur-des-souvenirs-et-une-pluie-de-larmes.html

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