mardi 12 février 2013

Aix : le procès du déferlement d'une violence hyperalcoolisée

Ces deux-là ne boxaient pas dans la même catégorie. Michel Granero, 47 ans, mesurait 1m68 pour 59 kilos ; Renauld Ballestero lui rendait 15 centimètres et quelques kilos. Surtout, Renauld avait déjà flanqué une raclée à Michel, 16 ans auparavant, pour une sombre histoire de citrons. "Mais je n'avais pas donné le premier coup, jure l'accusé âgé de 47 ans aussi, ni il y a 16 ans, ni cette fois-ci".

Durant l'enquête, Renauld assurait même avoir prévenu Michel de "ne pas le chercher", ce soir-là. Il faut dire que l'accusé - déjà condamné pour des violences volontaires et bien connu des services de police aixois pour son agressivité imbibée d'alcool -, n'était pas en état de parlementer. "Il avait bu une quinzaine de bières d'un demi-litre chacune, dans l'après-midi, en jouant aux boules" explique le président Calmettes.

On apprendra à l'audience que Renauld avait également fumé deux joints et ingurgité du Valium et un autre anxiolytique hyperpuissant - seulement prescrit en petites doses par les médecins -, qu'il avoue avoir acheté à un patient rencontré lors d'un de ses multiples séjours à l'hôpital psychiatrique Montperrin. "En prenant tout ça, vous êtes une bombe sur pattes, Monsieur" peste le président.

La (sur)vie tient parfois à rien

Ce soir-là, il a littéralement explosé : les coups de poings ont fracassé le visage de Michel - lui aussi passablement aviné avec près de 2,5g d'alcool dans le sang - qui est rapidement tombé au sol, près du groupe scolaire Joseph d'Arbaud. "Puis, il a été fini au sol à coups de pied" lâchait, à la cour, l'un des enquêteurs de police. Entre-temps, le fils de Renauld, prénommé Malik, 17 ans à l'époque, arrivait sur les lieux du carnage. Il assurera tout au long de l'enquête qu'il a tout fait pour les séparer.

Sauf que le témoignage d'une demoiselle, qui prenait l'air sur son balcon au moment du combat de rue, le mettra clairement en cause : "Oui, je voyais deux personnes donner des coups de pied", est-elle encore venue confirmer à la barre, hier. Reste que les investigations n'ont pas permis de le mettre clairement en cause ; il sera donc jugé en mars, par le tribunal pour enfants, seulement pour "non-assistance à personne en danger". Le jeune homme, en rentrant chez lui, n'avait pu appeler les pompiers, faute de crédit sur son portable. La (sur)vie tient parfois à rien...

Son père, lui, avait été confondu par le sang retrouvé sur ses baskets, ses vêtements et même sous les pattes de son chien, présent et surexcité lors de la bagarre. "Vraiment, s'il n'y avait pas eu l'alcool, y'aurait pas eu tout ça, jurait-il, dans le box, en implorant le pardon des parents et du frère de la victime. Je suis choqué de prendre conscience que j'ai tué quelqu'un de mes propres mains". Un commandant de police confirme le rôle autant néfaste que directeur de l'alcool : "Quand je l'ai interrogé, à jeun, Ballestero était calme, posé et argumentant. Et je crois savoir que la victime, elle, s'intéressait à l'Histoire de France et autres, mais l'alcool les transforme".
Michel, souffrant de graves lésions cérébrales, avait lâché prise en arrivant à l'hôpital Nord de Marseille, moins de deux heures après avoir été passé à tabac et avoir été retrouvé, pour une raison toujours indéterminée, entièrement nu. "Une vexation ultime, pour qu'il ait honte en reprenant connaissance" assure intuitivement l'enquêteur. Renauld, défendu par Me Lantelme, nie, mais n'explique rien. Pour ces coups mortels, il encourt 15 années de réclusion criminelle.
http://www.laprovence.com/article/actualites/aix-le-proces-du-deferlement-dune-violence-hyperalcoolisee

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