vendredi 15 février 2013

En état d’ivresse le conducteur avait tué un piéton au petit matin

Costumes noirs de rigueur et mines fermées, dans cette salle d’audience du tribunal de grande instance, hier. Car si on jugeait l’auteur d’un terrible accident de la circulation survenu quai Saint-Vincent, à Lyon, le corps de la victime multitraumatisée venait hanter les souvenirs de cette nuit de week-end, le 7 novembre 2010.
Une mort qui, sans l’effet conjugué de l’alcool (1,6 g/litre de sang), du shit et de l’inconscience, aurait pu être évitée. « Je ne l’ai pas vu surgir et j’y pense tous les soirs, car ce ne sont pas des choses qui peuvent s’oublier. » Tremblant à la barre, Benoit D., 29 ans, vendeur dans une grande surface du 9e arrondissement de Lyon, a beau refaire le film dans sa tête, il y a des blancs. L’alcool ? Oui. « Avec deux amis, on a bu des verres en boite. » La drogue ? « On a fumé un joint à plusieurs. » La vitesse ? « Je ne crois pas avoir roulé trop vite. »
Et c’est là que ça grince. Des témoins ont vu la Volkswagen slalomer sur les quais de Saône et, pour dépasser un véhicule, emprunter la voie réservée aux bus sur la droite à la hauteur du 25, non loin du pont dit de l’Homme de la Roche. Fatale et acrobatique manœuvre car Damien L., 22 ans, originaire de Dijon et étudiant à Lyon, s’est justement engagé sur la chaussée pas vraiment à jeun lui aussi, il est vrai. Le piéton est percuté et rebondit comme un pantin sur le capot de la voiture et retombe sur la chaussée à plusieurs dizaines de mètres.
Une question hante sa mère : le chauffard lui aurait-il roulé dessus avant de s’arrêter un peu plus loin sur un parking ? Question qui restera sans doute sans réponse, et ajoute au malheur d’une famille anéantie par cette tragédie. Benoit, qui n’a jamais été condamné, a été, dès le lendemain des faits, placé sous contrôle judiciaire. Aujourd’hui, le parquet réclame quatre ans de prison, dont 24 à 30 mois avec sursis et mise à l’épreuve, « pour un conducteur du petit matin qui a vraiment pris tous les risques ».
Carine Monzat, pour la défense, consciente de la gravité de la situation et « d’un jugement qui de toute façon ne sera pas satisfaisant au vu du drame humain », a plaidé dans le sens d’un aménagement de peine, avec suivi d’un garçon qui jusqu’alors n’avait jamais fait parler de lui. Un suivi qui, selon elle, serait le prolongement de la décision de la juge d’instruction, d’éviter à l’époque même des faits le placement en détention. Le jugement a été mis en délibéré.
http://www.leprogres.fr/faits-divers/2013/02/06/en-etat-d-ivresse-le-conducteur-avait-tue-un-pieton-au-petit-matin

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