mardi 12 mars 2013

De dix à vingt-cinq ans demandés contre les trois accusés du meurtre d’Hervé Bouquignaud

Dans un réquisitoire d’environ une heure, l’avocat général a demandé 25 ans de réclusion criminelle contre Chakib Quakory, 18 ans contre Sofiane Bacha, 10 ans contre Romain Bonnet. Les trois hommes sont accusés du meurtre d’Hervé Bouquignaud, le bijoutier de Cambrai tué lors d’un braquage qui a mal tourné, le 3 février 2011.
Pour Jérôme Marilly, avocat général, les choses sont simples. D’un côté, un homme bon, humble, dévoué – ce qui semble d’ailleurs faire l’unanimité dans l’entourage d’Hervé Bouquignaud – et de l’autre, trois voyous.
«Une image m’obsède depuis le début de ce procès, dit l’avocat général. Celle d’un homme assis sur un tabouret.» Cet homme, c’est Hervé Bouquignaud sur les images de la vidéo surveillance, juste après le braquage. Les trois autres sont à peine en fuite. «C’est un homme qui va mourir. Dans deux heures, il ne sera plus. A quoi pense-t-il ? A sa femme, à ses filles, à ses petits-enfants, à sa bijouterie qu’il a mis trente ans à construire ? »
C’est vrai, cette image était terrible. D’ailleurs, c’est le seul moment de ce procès où Mme Bouquignaud et ses filles sont sorties de la salle. « Et est-ce qu’il a mal ? Est-ce qu’il sent la vie s’enfuir ?»

«Ils sont dangereux pour la société !»

L’avocat général insiste bien pour mieux se tourner vers les trois types recroquevillés face à lui. Le doigt pointé sur eux. Le doigt de la société qu’il représente : «Ils sont dangereux pour la société !» Juste avant, il avait écarté toute circonstance un tout petit peu atténuantes, pour ces trois là : «Je les regarde et je ne vois rien. Aucun projet. Aucune volonté de s’insérer, de faire le bien ! Ils ont eu une vie difficile ? Mais quelle vie difficile ? Ils n’ont pas eu de père, la belle affaire !»
Voilà, les choses sont simples : le bien d’un côté, le mal de l’autre. Maintenant, il revient sur les trottoirs de Cambrai, le 3 février 2011. C’est là que le coup se prépare. «Ils marchent dans la rue, et comme d’autres iraient se faire une toile, un McDo, voir un copain, eux se disent : "On va se faire une bijouterie"… » C’est le début de l’après-midi, à 17h45, ils entreront chez Hervé Bouquignaud, et Jérôme Marilly voit là «un acte réfléchi».
Un acte préparé. Quarkory et Bacha se rendent chez Bonnet, dont ils savent qu’il a au moins un taser. «Mais aussi un couteau papillon ! Vous savez ce que c’est un couteau papillon ?» Il montre l’arme, sur la table des scellées, au milieu du prétoire. «Ce n’est pas un couteau pour éplucher une pomme ! Pas pour découper de la viande. Ou plutôt si : de la viande humaine…»
Bonnet espérait-il un peu de mansuétude, après que les deux autres aient raconté qu’il avait tenté de les dissuader ? C’est raté. Alors, vient le tour des deux autres. «La suite, vous la connaissez», commence l’avocat général. Mais il se reprend : «Ou plutôt, non.» Il fait allusion aux vingt-trois secondes que la vidéo ne montre pas. Celles de la lutte qui coûtera la vie à Hervé Bouquignaud. «Seule trois personnes savent ce qui se passe là. Mais une est morte et les deux autres mentent.»

25 ans l'auteur des coups de couteau

Jérôme Marilly n’a aucune confiance en Sofiane Bacha et Chakib Quakory. Ni en leur version, ni en leurs regrets. Il le dit, le répète, puis il donne sa propre version du drame lui-même, jusqu’à le mimer à deux mètres des jurés. Le poing serré, il fait mine de porter des coups de couteau, revient sur la peur et la souffrance du bijoutier, puis se tourne à nouveau vers le box, presque en criant : «Mais quel respect avez-vous pour la vie humaine ? »
Monique Bouquignaud n’a pas bronché. Entourée de ses deux filles, elle est toujours droite. Digne. Elle réclame justice, elle repousse les excuses. Jérôme Marilly prend peu de temps pour détailler les rôles respectifs des trois accusés, dans ce drame, mais donne tout de même une gradation induite des responsabilités. 25 ans pour l’auteur des coups de couteau, 18 pour son complice immédiat, qui se tenait à ses côtés dans la bijouterie, et 10 pour leur copain de délire, «celui qui a donné le top départ», dit le magistrat.

http://www.lavoixdunord.fr/region/de-dix-a-vingt-cinq-ans-demandes-contre-les-trois-ia0b0n1089416

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