dimanche 14 avril 2013

Aix : sept ans de détention pour avoir renversé des policiers

Ahmed Ben Chalbi, 31 ans. Fin de détention, horizon 2021. Deux ans à l'isolement. Quasi habitué du tribunal correctionnel d'Aix. Quand la présidente Véronique Imbert lui rappelle sa première condamnation, en 2000, il sourit : "C'est vous qui aviez instruit". Elle soupire : "Cela ne me rajeunit pas..."
Il est comme ça, Ben Chalbi, poli et pointilleux, avec ce casier qu'il traîne comme un siamois encombrant, de procès en procès. Trafic de stupéfiants, trois évasions (notamment celle du parloir de Luynes), recel, violences...
Sur le rôle, quatre faits dont l'un occupera plusieurs heures de cette audience. Un accident, le 7 octobre 2009, sur l'autoroute du Littoral, commune des Pennes-Mirabeau.
Ben Chalbi est au volant d'une Fiat 500, déclarée volée sous la menace d'une arme à Vitrolles. Et que les policiers trouvent à la vente, sur Leboncoin.fr.
Rendez-vous est pris gare Saint-Charles par un policier marseillais qui se fait passer pour un acheteur. Mais Ben Chalbi repère le dispositif de surveillance autour de la gare, et prend la fuite à toute vitesse. "C'est vrai qu'en plus, suggère la juge, vous étiez en semi-liberté..."
L'alerte est passée sur les ondes, entendue par un équipage moto de la compagnie de sécurisation. La course-poursuite s'engage sur l'autoroute. Le pilote de la moto dépose : "Je prenais de la distance avec lui, il a freiné et est passé derrière nous. Il y a eu un choc, j'ai perdu ma coéquipière et vu la moto partir avec des étincelles. Je l'ai vue en sang sur la rambarde, j'étais effondré".
Arrêté en 2010
Des témoins entendus par des enquêteurs, raconteront que le conducteur de la Fiat 500 (qui sera retrouvée incendiée) a percuté la moto et pris le large. Ben Chalbi ne sera pas immédiatement identifié comme le conducteur. Il faudra attendre juin 2010, et son arrestation à Vitrolles, alors qu'il essaie d'échapper à des policiers de la Bac en leur fonçant dessus, pour faire le lien, grâce à des documents liés à la Fiat 500.
"Je ne nie pas, je ne marchande pas. Mais je n'ai pas vu que c'était une moto de la police, madame Imbert. À aucun moment, je n'ai voulu les renverser", promet le prévenu après avoir présenté ses excuses aux policiers. Il évoque le gaz de la bombe lacrymogène émis par la jeune femme policier, entré dans l'habitacle par les aérations, créant un nuage blanc dans la voiture : "Ca me pique les yeux, je sens un choc et j'accélère. Je reviens plus tard car je suis inquiet, je vois les pompiers. Plus tard, je me renseigne pour savoir si c'est grave". Selon les agents, le gyrophare et la sirène de la moto étaient activés, annonçant leur qualité.
Me Jérôme Piana, en partie civile pour le propriétaire de la Fiat 500, explique que c'est son client, qui fut d'abord suspecté d'avoir conduit la voiture au moment de la collision avec les deux policiers. "Et ce n'est pas un coup d'assurance comme cela a pu être allégué." Puis Me Virgile Reynaud, qui assiste les deux agents, revient sur la course-poursuite et les déclarations des témoins. Et sur le préjudice des agents."Tous deux ont changé de service. Ils ne roulent plus en moto, surtout. Ma cliente vous l'a dit, elle est policière par vocation, pas pour se faire tuer." Pour la jeune femme, blessée au dos, brûlée au 2e degré, les cicatrices sont définitives.
Sur le banc de l'accusation, le procureur Pozzo déplore le "cynisme" et les "mensonges" du prévenu : le lacrymo qui "poursuit la Fiat à 130 km/h,s'engouffre dans l'habitacle par les grilles d'aération et arrive jusqu'à lui. Le réflexe c'est de freiner, non ?"
"On se revoit aux assises..."
Elle requiert 7 ans d'emprisonnement avec maintien détention. Laissant la parole à Me Bruno Rebstock qui, avant tout chose, va expliquer qu'un enquêteur, durant la garde à vue, le raccompagna en disant : "On se revoit aux assises... Ils travaillent dans le même service donc sont proches".
Puis rappelle que la jeune femme avait dit reconnaître formellement le propriétaire de la Fiat : "Mais ce n'était pas lui !" Il assure aussi qu'il n'y avait pas d'intention homicide dans cet accident. "Ni de caractère volontaire des violences avec arme."
Il évoquera aussi le quotidien de son client, demandant au tribunal de prendre du recul sans tomber dans l'empathie judiciaire. Relaxé pour le vol de la voiture, le prévenu sera condamné pour recel, escroquerie et violences aggravées sur les policiers, à la peine de 7 ans de prison. Ahmed Ben Chalbi, 31 ans. Fin de détention, horizon 2028.

http://www.laprovence.com/article/actualites/2300741/sept-ans-de-detention-pour-avoir-renverse-des-policiers.html

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