lundi 8 avril 2013

Lorraine : meurtre ou suicide dans un champ du Toulois ?

Assassinat. C’est l’objet de la plainte déposée par Christophe, le 11 décembre 2012. Une plainte contre X, avec constitution de partie civile, déposée auprès du doyen des juges d’instruction de Nancy. Moyennant une consignation de 3.000 € (notre édition du 24 janvier). Une procédure qui « force » la justice à rouvrir le dossier malgré le classement de l’affaire prononcé par le procureur de la République.
L’action remet aujourd’hui à zéro le délai de prescription de 10 ans. À quinze jours près, ce « cold case » ne serait jamais ressorti des cartons judiciaires… Le 27 décembre 2002, le corps de Catherine C. était découvert sans vie, au beau milieu d’un champ du Nord Toulois, sur la commune de Bouvron. La victime, une riche nancéienne âgée de 42 ans, avait brutalement quitté une réunion de famille, le 25 décembre. Son cadavre présentait de profondes traces de mutilation par arme blanche et une plaie par arme à feu au niveau de l’oreille. Un fusil et deux armes de poing seront retrouvés à ses côtés.
L’enquête menée par les gendarmes de la Compagnie de Toul, conclura à un suicide. Une thèse confortée par un simple examen médico-légal, pratiqué sur le corps de cette quadragénaire qui avait fait fortune dans l’immobilier. Un acte moins précis qu’une autopsie proprement dite, laquelle n’a pas été ordonnée. Christophe, lui, n’a jamais cru en l’acte désespéré de celle avec qui il avait entretenu une relation amoureuse en pointillés. Ces dix dernières années, il n’a eu de cesse de remuer ciel et terre. En menant lui-même sa contre-enquête. L’inspecteur Lily Rush, héroïne de la série américaine « Cold case », spécialisée dans la relance des affaires classées ou irrésolues, aurait sans doute apprécié. Méticuleux, obstiné, l’informaticien nancéien est parvenu à réunir suffisamment de pièces pour les soumettre à l’expertise d’un cabinet privé, composé de consultants en criminologie et d’experts judiciaires (balistique et médecine légale) reconnus. Les conclusions de leur rapport documenté et détaillé, sont sans appel : « La thèse de l’homicide n’est aucunement à écarter et certains éléments sont même de nature à privilégier cette possibilité ».
Hier matin, Christophe et son avocat Me Alain Guignard, ont été entendus pour la première fois et ce, pendant 1 h 30, par le juge d’instruction nancéien Dominique Diébold. « Un rendez-vous très positif et un juge très à l’écoute, qui a cherché à obtenir des renseignements précis de la part de mon client afin de lancer son instruction », explique Me Guignard. L’avocat de Chalon-sur-Saône qui affiche 34 années d’expérience au barreau, assure n’avoir « jamais vu un dossier avec autant de questions restées sans réponse et de pistes inexplorées ». « Nous avons eu l’impression que le juge partageait notre impression, à savoir celle d’une enquête initiale bâclée en pleine période de fêtes de fin d’année. Quand on soupçonne un crime, on se doit de rechercher à qui profite ce crime éventuel et à notre sens, cela n’a pas été fait », précise Me Guignard, conscient que le poids des ans ne jouera pas en leur faveur. D’autant que le corps a été incinéré.
Un album photos réalisé le jour de la découverte du corps sera confié par la justice à un médecin légiste. Ce nouvel expert devra se prononcer notamment sur la compatibilité entre l’acte suicidaire et les blessures constatées. Avant que le magistrat instructeur ne saisisse un nouveau service d’enquête, déjà riche des éléments pertinents accumulés en dix ans, par Christophe.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/04/03/cold-case-exhume

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