mardi 27 août 2013

Marseille : il aurait dû être jugé hier mais Jordan, 18 ans, a été tué

Abdel n'a pas la tête à son procès. Ce garçon de 18 ans a les yeux plein de larmes. À cette audience, il manque son ami, Jordan Mze, celui avec lequel il a grandi et fait les quatre cents coups. Jordan a été tué le 19 août à 5 h 30 du matin cours Jean-Ballard, par trois hommes dont deux sont sous les verrous ; un troisième, l'auteur présumé du coup de couteau mortel, est encore en fuite. Le trio avait ensuite agressé un infirmier des urgences de la Conception. Ce meurtre, dix jours après celui d'un étudiant boulevard d'Athènes et le même jour que se commettait le 13e règlement de comptes de l'année, avait justifié le rappel fait à Marseille par le Premier ministre de la politique gouvernementale consacrée à la sécurité dans la seconde ville de France.
La mort de Jordan est dans tous les esprits. Le président du tribunal Pierre Calloch y fait allusion : "Vous avez vu où ça mène les mauvaises fréquentations". Le 16 mai dernier, les deux jeunes garçons prennent le métro jusqu'à Saint-Barnabé. Parce qu'il se dit qu'il y a là des maisons faciles à cambrioler. Un troisième fait le guet alors que les deux amis escaladent un mur, tentent d'ouvrir une porte avec un objet en fer. L'alarme se déclenche, les policiers ne sont pas très loin, ils détalent mais Abdel et Jordan sont rattrapés.
Deux jours de garde à vue et les deux copains sont conduits dans les geôles du palais de justice puis devant un procureur. C'est un samedi, un juge des libertés et de la détention les envoie pour le week-end aux Baumettes dans l'attente d'une comparution devant le tribunal correctionnel le mardi suivant. C'est à l'audience des comparutions immédiates que leur chemin se sépare.
Jordan comptait repasser son bac cette année
Abdel est oisif, sans travail, alors il est placé sous mandat de dépôt dans l'attente de son procès, fixé le 26 août. Jordan doit passer son bac en électronique énergie, le tribunal lui laisse une chance et le place sous contrôle judiciaire. On ne peut s'empêcher de penser qu'une plus grande sévérité et un mandat de dépôt auraient sauvé la vie de ce garçon.
Jordan a échoué au bac mais comptait bien repiquer cette année. "Il n'a finalement passé que trois jours en détention", explique Me Jean-François Pedinelli qui aurait dû le défendre hier. Trois condamnations figurent sur son casier, prononcées par le tribunal pour enfants - certaines en commun avec Abdel. "Uniquement des vols, jamais des atteintes aux personnes", précise l'avocat. Extinction des poursuites, juge le tribunal qui condamne Abdel à douze mois de prison dont six avec sursis et à une mise à l'épreuve. Abdel sortira bientôt mais ne retrouvera pas son ami Jordan. Le jour où son fils était tué, sa mère donnait naissance à une petite fille

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