mardi 27 août 2013

Piéton renversé : prison avec sursis requise contre le gendarme conducteur

Le 17 avril dernier, en fin d’après-midi, au rond-point de la Pierre-du-Roy à Albertville, un camion-benne s’arrête devant un passage piéton sur lequel s’est engagée une personne. Au même moment, un véhicule de gendarmerie qui partait en intervention sur l’autoroute A43 contourne le camion par la gauche et percute la passante albertvilloise âgée de 72 ans. Celle-ci décédera trois jours plus tard, des suites d’un grave traumatisme crânien. À l’issue de l’enquête menée par le parquet d’Albertville, dans le but de déterminer les circonstances précises de l’accident, ce dernier a décidé de poursuivre le conducteur, un gendarme âgé de 52 ans.
Celui-ci comparaissait hier après-midi devant le tribunal correctionnel d’Albertville pour homicide involontaire. Selon les premiers témoignages recueillis sur les lieux du drame, les gyrophares et sirènes du véhicule des gendarmes étaient bien en fonction au moment de l‘accident. Quant à sa vitesse, elle a été évaluée par l’expertise à moins de 27 km/h.
« Pour moi, le camion s’était serré sur la droite pour me laisser passer, alors j’ai accéléré ; mais à aucun moment je n’ai pu voir la victime qui était encore cachée par le camion. Même en intervention, jamais je n’aurais un comportement de nature à créer un danger », s’est expliqué le militaire.
Pour la juridiction présidée par Philippe Silvan, il s’agissait notamment de savoir s’il y avait bien urgence, justifiant ainsi les dérogations prévues par le code de la route au profit des véhicules prioritaires. Le jour de l’accident, on avait signalé aux gendarmes la présence sur l’autoroute d’une piétonne au comportement suicidaire.

"C'est autant un drame pour lui que pour la famille de la victime"

Selon le procureur de la République, Patrick Quincy, le prévenu n’a pas respecté toutes les dispositions du code de la route. « C’est un dramatique accident survenu à l’occasion d’une mission nécessitée par l’urgence. Il n’empêche que la loi impose à tout véhicule, même prioritaire, de céder le passage à un piéton, ce que n’a pas fait le prévenu qui, au demeurant, reste un excellent gendarme. C’est autant un drame pour lui que pour la famille de la victime. » Trois mois de prison avec sursis assortis de 300 € d’amende ont été requis.
Dans sa plaidoirie, l’avocat de la défense a mis en avant l’intégrité de son client mais aussi le rôle du camion-benne. « Après 25 ans d’un service irréprochable jalonné de médailles, c’est aujourd’hui quelqu’un de psychiquement détruit qu’on n’envoie plus en intervention tellement il ne veut plus prendre le moindre risque. Sur les circonstances de l’accident, mon client n’a pas pu céder le passage à un piéton qui, masqué par le camion, n’était pas visible. ».
Le jugement sera rendu le 21 octobre prochain.

http://www.ledauphine.com/savoie/2013/08/26/prison-avec-sursis-requise-contre-le-conducteur-gendarme

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