dimanche 11 août 2013

Procès Viguier: Écoutes oubliées

Le procès de Jacques Viguier, ce professeur de droit accusé du meurtre de sa femme Suzanne, se poursuit depuis lundi à la cour d'assises du Tarn. Pour la première fois, plusieurs écoutes téléphoniques de l'accusé ont été diffusées lors du procès. Certains éléments semblent avoir été oubliés. Lors du second procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme Suzanne, qui a mystérieusement disparue en février 2000, des écoutes téléphoniques ont été diffusées mercredi devant la cour d'assises du Tarn, rapporte La Dépêche du Midi. Ces enregistrements, réalisés dans les jours qui ont suivi la disparition de "Suzy", 39 ans, n'avaient pas été utilisés lors du procès en première instance en avril 2009, durant lequel ce professeur de droit de 51 ans avait été acquitté, avant que le parquet ne décide de faire appel. Mais les propos tenus par Jacques Viguier, lors de conversations téléphoniques, sont interprétés par chaque partie comme la confirmation de la thèse qu'ils défendent.
Ces enregistrements témoignent en tout cas de la colère de Jacques Viguier, qui estimait être victime d'une manipulation. "Les policiers fantasment la culpabilité du prof de fac […] Je veux bien qu'ils aient leur piste mais pas pour la tordre dans tous les sens", dénonçait-t-il lors d'une conversation téléphonique avec un magistrat et une avocate, deux de ses anciens étudiants devenus amis, écrit encore le journal. "Tout se retourne contre moi. Je sais, c'est n'importe quoi (…) Ils sont sur mon dos", lâche-t-il. Et de continuer: "Les policiers veulent que la réalité colle à leur fantasme (…) Ils ont appelé un chasseur. Le policier a dit: 'je vous téléphone pour Jacques Viguier qui a assassiné sa femme…'", raconte-t-il.

"De l'énervement à l'inquiétude"

Lors de ces longues discussions téléphoniques, dont deux datent du 21 mars 2000, l'universitaire se lance même dans une analyse de l'affaire qui l'entoure: "Ma passivité a fait de moi un coupable, je subis et j'attends", confiait-il. Et ce qui a continué à semer la confusion lors du premier procès, c'est l'inertie de Jacques Viguier, en dépit des accusations qui lui étaient portées. Il "subit plus qu'il n'agit et n'a pas une propension à remettre en cause les institutions et les procédures", a justifié à la barre Serge Regour, 62 ans, professeur de droit public et ami de toujours de Jacques Viguier. Quant au fait qu'il ait mis trois jours à signaler à la police la disparition de sa femme, les enregistrements téléphoniques apportent là aussi quelques éléments de réponse. "Les deux premiers jours, je râlais contre elle mais je suis passé de l'énervement à l'inquiétude (...). Elle partait souvent mais elle téléphonait toujours, c'est ça qui m'a inquiété", expliquait encore Jacques Viguier à ses proches.
Si ces enregistrements en disent un peu plus sur l'état d'esprit de Jacques Viguier au moment de la disparition de sa femme, rien ne vient préciser les circonstances de la disparition de Suzanne Viguier, en février 2000. Ce soir là, Suzanne était rentrée chez elle, raccompagnée à 4h30 du matin par son "amant officiel", Olivier Durandet, après avoir participé à une compétition de tarot à Montauban. Le lendemain, elle avait rendez-vous avec un avocat pour entamer la procédure de divorce, alors que le couple faisait déjà chambre à part depuis plusieurs mois.
Depuis, aucun élément n'a amené à prouver la culpabilité de Jacques Viguier, mais certains détails de l'affaire sont à charge pour l'accusé. Notamment le fait que le sac de Suzanne ait été retrouvé au domicile familial avec la totalité de ces affaires à l'intérieur. Ou encore la disparition du matelas du canapé sur lequel dormait la victime. Ce qui avait conduit Jacques Viguier à être mis en examen avant d'être placé en détention provisoire en mai 2000, puis d'être libéré, neuf mois plus tard. Lors de son porocés en 2009, il sera finalement relaxé.
En attendant, les 15 jurés de la cour d'appel devront tenter de faire la lumière sur ces multiples zones d'ombre, avant le 20 mars, date du verdict. Et dix ans après les faits, l'affaire reste des plus compliquées à juger en raison de l'absence de corps, d'aveux ou de toutes preuves irréfutables.
 
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