dimanche 11 août 2013

L'ultime cavale de Jean-Pierre Treiber

Trois mois après son évasion, Jean-Pierre Treiber s'est pendu en prison. Suspecté des meutres de Géraldine Giraud et Katia Lherbier, il devait passer devant les assises dans deux mois.
Le procès Treiber n’aura pas lieu. Le seul et unique suspect du double meurtre de Géraldine Giraud, 36 ans, et son amie Katia Lherbier, 32 ans, retrouvées au fond d’un puisard dans le jardin de Jean-Pierre Treiber le 9 décembre 2004, a choisi d’échapper à la justice des hommes. Il s’est pendu, vraisemblablement à l’aide d’un drap entre 6 heures et 7 heures hier matin, dans sa cellule du quartier d’isolement de Fleury-Mérogis (Essonne). Un suicide qui intervient à deux mois des assises de l’Yonne, prévues à partir du 20 avril. Et trois mois, jour pour jour, après sa capture par la police judiciaire à Melun à la suite de sa rocambolesque évasion, dans un carton, de la prison d’Auxerre. Evasion suivie de deux mois et demi d’une cavale médiatisée à l’excès.
"Un innocent se bat pour faire reconnaître son innocence, Treiber par ce suicide a avoué, il s’est infligé une peine définitive que notre Code pénal a abolie", en déduit Me Francis Szpiner, l’avocat de la famille Giraud. Une famille sous le choc. "Je suis effondré, je suis furieux et effondré, réagit le comédien Roland Giraud au micro d’Europe 1. Je ne pense qu’à ma fille et à son amie aussi bien sûr. Je trouve que c’est beaucoup ce qui arrive, c’est beaucoup" Avant d’ajouter sur RTL: "Treiber a été lâche jusqu’au bout." Les parents de Katia Lherbier n’ont pas souhaité, eux, s’exprimer. Choqué également, Me Eric Dupond-Moretti. "Je suis totalement abasourdi par la mort de mon client, que je n’ai pas envie de commenter. J’ignore ses motivations profondes et intimes, mais je les respecte. Par contre, je suis écoeuré par les interprétations posthumes de certains. Quand j’entends que la première victime du suicide de Treiber, c’est la famille Giraud, je demande un peu de circonspection."

Il a pris le temps de griffonner quelques mots

Avant de se donner la mort, Treiber a griffonné quelques mots sur la chemise dans laquelle il rangeait son courrier: "J’en ai marre d’être pris pour un assassin et privé de ceux qui me sont chers. JP." Aucune allusion aux faits qui lui étaient reprochés, et qu’il a toujours niés malgré les charges qui pesaient sur lui, notamment l’utilisation des cartes bancaires des victimes. Rien non plus sur l’existence ou non d’éventuels complices. Les parents des deux jeunes femmes disparues le 1er novembre 2004 ne sauront sans doute jamais ce qui est arrivé à leurs enfants. "Il y aura une immense frustration, confirme Me Szpiner. Certaines zones d’ombre du dossier ne seront jamais éclaircies et puis, en même temps, c’est la fin de l’affaire, même si c’est une fin brutale, inattendue." Fallait-il s’attendre à un tel dénouement?
En décembre, lors de son audition devant une juge d’instruction d’Auxerre, Treiber s’était expliqué sur la façon dont il s’était évadé et sur ses motivations, indiquant notamment: "C’était ça ou je m’accrochais", avait raconté son avocat Me Eric Dupond-Moretti. Allusion sans équivoque à un projet suicidaire. "Je m’attendais à ce qui est arrivé aujourd’hui; je m’y attendais depuis longtemps", a ainsi réagi sur RTL Paulette Stoëcklen à propos du suicide de son frère. Une double enquête, judiciaire sur les circonstances de sa mort et administrative sur les conditions de sa prise en charge par l’administration pénitentiaire, a été ouverte hier. Le corps de Treiber doit être autopsié aujourd’hui à l’hôpital d’Evry (Essonne).
 

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