jeudi 19 septembre 2013

Procès Achoui: le policier mis en cause nie toute implication

Le commissaire Lapeyre, mis en cause par Karim Achoui qui le soupçonne d'avoir commandité la tentative d'assassinat qui l'a visé, a vigoureusement démenti toute implication jeudi devant la cour d'assises de Paris, où il a affronté le feu roulant des questions des avocats de la victime.
«C'est ridicule, faux, diffamatoire. Cela me révolte, je suis en colère», a lancé le policier à l'issue d'une longue déclaration liminaire, où il a expliqué les circonstances dans lesquelles il avait recruté, utilisé, puis radié des listes des informateurs de police Ruddy Terranova, l'homme accusé d'avoir tiré sur l'ex-avocat.
Karim Achoui s'était étonné des liens unissant le policier au tireur présumé, d'autant que le commissaire Lapeyre, à l'époque à la PJ de Versailles, a également été le destinataire des informations «anonymes» qui ont permis d'arrêter la quasi-totalité des membres présumés de la bande impliquée dans la tentative d'assassinat.
«Fin 2006, j'ai recruté Ruddy Terranova qui semblait avoir une bonne connaissance du milieu», a raconté le policier, 41 ans, aujourd'hui commissaire divisionnaire à l'Office des stupéfiants de Nanterre (OCRTIS).
«Notre relation a permis d'initier trois ou quatre affaires de stupéfiants, de vol à main armé et même une de terrorisme», a expliqué le haut gradé, en précisant l'avoir ensuite radié des listes en mai 2007 après 11 mois de collaboration.
«Il était devenu difficile à gérer, faisait montre d'instabilité, était un peu mythomane. Il a essayé de me manipuler, devenait dangereux et peu fiable», a-t-il justifié.
«Contrat rompu»
«Je peux comprendre que M. Achoui se soit posé des questions sur le fait que l'auteur présumé des faits connaisse un policier, mais je suis surpris qu'après quatre ans d'enquête, il continue encore aujourd'hui à abonder dans le sens de la thèse d'un complot», a-t-il indiqué.
«J'ai l'impression qu'il sait ce qui s'est passé. Veut-il envoyer un message aux voyous, aux véritables commanditaires pour leur dire: + voyez, je ne vous mettrai pas en cause+. Je pense que le message est passé. Maintenant, il faut que cela cesse», a-t-il lâché.
«S'il fallait que le commissaire Lapeyre assassine les excellents avocats qui défendent les voyous, la liste serait longue», a également ironisé le policier.
Pour les quatre avocats de Karim Achoui qui l'ont passé sur le gril pendant de longues heures, Stéphane Lapeyre ferait montre «de mystère et d'opacité».
Ils l'ont notamment pressé de livrer à la Cour la source de l'information qui a permis d'arrêter la bande et dont le policier a reconnu à l'audience qu'il s'agissait d'un autre de ses informateurs.
«Lui avez-vous seulement posé la question de la motivation de la bande ?», a questionné l'un d'eux, alors que l'enquête n'a pas permis de déterminer le mobile des agresseurs.
«Je ne donnerai pas d'information qui puisse mettre sa vie en danger», a martelé le policier, qui avait auparavant expliqué ne pas avoir livré de gaieté de coeur le nom de Terranova.
«Chez les truands, la punition d'un informateur, c'est la peine de mort et je ne souhaite pas qu'il lui arrive malheur. Il joue sa vie», a reconnu le commissaire. Mais, a-t-il justifié, Terranova a «rompu notre contrat» en jouant double jeu avec des suspects qu'il informait des intentions de la police.
Dans le box, le tireur, qui nie avoir joué les informateurs, a écouté prostré le récit du policier avant de se lever en lançant à la Cour : «depuis le début il ment !».
Les avocats de la victime se sont également étonnés du volume des échanges téléphoniques entre les deux hommes, 354 contacts en cinq ans et demi dont certains la veille, le jour et le lendemain des faits.
Karim Achoui a tenté d'interpeller lui-même le policier avant que la présidente ne lui rappelle qu'aux Assises, le Code l'oblige à passer par l'un de ses avocats. «Et c'est inutile de lever le ton», l'a-t-elle sermonné, alors qu'il manifestait bruyamment sa mauvaise humeur.

http://www.20minutes.fr/article/1225337/20130919-proces-achoui-policier-mis-cause-nie-toute-implication

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