samedi 28 septembre 2013

Procès Santamaria : la peine d'Éric Aubin réduite de dix ans en appel, un verdict surprise

À la première réponse, ils ont baissé la tête : Éric Aubin est coupable du viol d’Henriette Santamaria, à Moliets, le 29 mai 2010. À la seconde, ils n’ont pas bougé : l’accusé est condamné pour le meurtre de la quinquagénaire béarnaise. À la troisième, ils ont relevé la tête : la préméditation est écartée.
Les avocats d’Éric Aubin étaient incrédules, vendredi, à l’énoncé du verdict de la cour d’assises des Pyrénées-Atlantiques, à Pau, qui condamnait leur client à vingt ans de prison ferme, dont treize ans de sûreté. « On est très surpris, expliquait quelques minutes plus tard Me Benoît David. Pour nous, quand on a entendu ‘‘oui’’ pour le viol, c’était terminé. On ne s’attendait pas à ce qu’ils écartent la préméditation. »

Juridiquement, cet arrêt signifie qu’Éric Aubin n’est pas un assassin, mais un meurtrier. Concrètement, cela rabaisse de dix ans sa peine de première instance. En novembre 2012, le robuste accusé avait écopé de trente ans de prison, dont vingt de sûreté, devant les assises des Landes.
« C’est un scandale ! Les jurés n’ont pas compris l’affaire ! », a réagi Alain Santamaria, le mari de la victime, à la sortie de la salle des pas perdus. Quelques secondes plus tard, son fils Cyrille a hurlé sa colère sur les marches du tribunal.
« Passer de trente ans à vingt ans, évidemment, ça ne leur paraît pas assez, explique l’avocate des parties civiles, Me Létang-Forel. Cela ne correspond pas à leur peine. » L’avocate qui accompagne les Santamaria voulait toutefois souligner l’importance des mots. « Ce qui a été retenu, c’est l’essentiel. Mme Santamaria a subi un viol avant d’être tuée. Cela aurait été terrible pour la famille que le viol ne soit pas reconnu. »
Les conseils d’Éric Aubin avaient pourtant passé la semaine à démonter l’hypothèse du rapport forcé pour la remplacer par une relation sexuelle consentie. « Au vu de la personnalité de la victime, les déclarations d’Éric Aubin, selon lesquelles Henriette Santamaria aurait été consentante, ne sont pas apparues crédibles », a répondu la cour dans ses motivations.
En revanche, « la cour et les jurés ont estimé qu’il existait un doute sur les circonstances aggravantes de préméditation ».
Ces deux décisions combinées tendent à prouver que la cour n’accorde aucune crédibilité au scénario proposé par Éric Aubin. À savoir un adultère, la menace d’Henriette Santamaria de tout révéler, le retour du meurtrier vers sa voiture pour prendre un couteau, puis les coups fatals.
Mais ni le procès en appel ni ce verdict ne permettent d’éclairer les circonstances exactes du dramatique après-midi du 29 mai 2010. Tout juste peut-on déduire quelques interprétations.
« Soit il la viole et la tue en même temps », comprend Me Létang-Forel dans une première réflexion. Le meurtrier serait donc sur la plage avec un couteau. « Soit il y a deux moments, et la cour considère que le temps qui les sépare est trop court pour qu’il ait réfléchi à son acte. » Aubin est peut-être allé chercher son couteau, mais il a tué dans un moment d’impulsivité.
« Contents que la peine soit réduite », les avocats de la défense n’essaient même pas de comprendre. « C’est une décision morale qui est faite pour satisfaire tout le monde, expliquent Mes David et Griolet. Mais, juridiquement, ça ne tient pas. Le viol et la préméditation sont indissociables. »
Toujours blessé par sa caractérisation de « violeur », Éric Aubin réfléchit, lui, à un pourvoi en cassation.

http://www.sudouest.fr/2013/09/28/un-verdict-surprise-reduit-de-10-ans-la-peine-d-aubin-1182330-3449.php

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