mardi 1 octobre 2013

Meurtre de Valentin : procès en novembre pour Moitoiret et Hégo

En décembre 2011, la cour d’assises de l’Ain avait vécu un procès « fou ». Quinze jours pour juger une ombre, un zombie. Un accusé à la tête de gargouille et aux yeux globuleux, bouffi par les médicaments, incapable d’articuler d’autres sons que « non » après de longs moments de silence.
Stéphane Moitoiret était accusé d’avoir tué Valentin Crémault, 10 ans, le 28 juillet 2008, en lui portant quarante-quatre coups de couteau. Il était presque minuit, dans une rue sombre de Lagnieu, et l’enfant était sorti faire du vélo.
À ses côtés dans le box, Noëlla Hégo, sa compagne pendant vingt ans d’errance mystique sur les routes de France. Accusée de complicité d’assassinat et complicité de tentative d’enlèvement d’un autre Valentin, en 2006 dans la Vienne.
Le procès avait tourné en rond, faute d’explications claires sur cet acharnement gratuit sur un enfant croisé au hasard d’une rue. Et il avait viré au pugilat judiciaire entre dix experts venus régler les comptes de leurs chapelles psychiatriques respectives. Aucun ne s’accordant sur la nature de la folie de Moitoiret ni sur son irresponsabilité pénale.
Le 15 décembre, les jurés avaient choisi d’arbitrer en faveur de la thèse de l’accusation. La prison et une condamnation à perpétuité pour Moitoiret au lieu d’une hospitalisation psychiatrique. Et dix-huit ans de réclusion pour son ex-compagne stigmatisée par l’avocat général comme une « instigatrice ».
Ils seront rejugés du 12 au 22 novembre par la cour d’assises d’appel du Rhône. Une nouvelle épreuve pour Véronique Crémault, la mère de Valentin : « J’ai fait une grosse dépression et perdu 26 kg après le premier procès. Mais pour faire mon deuil il faut tourner la page judiciaire. Même après cinq ans ma colère monte encore, mon sang bout. Je veux que Moitoiret aille en prison car pour moi il n’est pas fou. Et je veux profiter de ce procès pour dénoncer des lois bancales qui ne sont pas assez sévères. »
Les avocats de Moitoiret, Mes Delarue et Berton, resteront sur leur ligne de défense : dans le système judiciaire français « on ne juge pas un fou », on l’enferme, sans qu’il puisse être libéré facilement par un seul psychiatre depuis les lois Dati. Une deuxième interminable bataille d’experts en perspective, le président Taillebot ayant prévu de tous les entendre.
Me Renevier et Me Naserzadeh, les avocats de Noëlla Hégo, plaideront encore l’acquittement. « Un non-lieu avait été prononcé en sa faveur pour non-dénonciation de crime ce qui voulait dire qu’elle ne savait pas qu’il allait avoir lieu et ne pouvait donc l’empêcher. Comment soutenir après qu’elle a été complice ? Ce n’est pas la peine d’avoir fait de longues études ! » soupire le premier.
Sa consœur lyonnaise explique que juridiquement « la complicité qu’ils avaient appelée par instigation ne tient pas car c’est une abstention. Or la complicité de crime par abstention ça n’existe pas. »
« À Lyon il n’y aura pas d’émotion comme dans l’Ain. Les jurés seront plus sereins, et depuis 2012 il faut motiver un arrêt de cour d’assises », ajoute Me Renevier.

http://www.leprogres.fr/faits-divers/2013/10/01/meurtre-de-valentin-proces-en-novembre-pour-moitoiret-et-hego

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