mercredi 23 octobre 2013

Procès du Dr Muller : Meurtre ou suicide : le mystère demeure

Suicide ou homicide? Au troisième jour du procès du Dr Jean-Louis Muller la défense, assurée par le ténor Eric Dupond-Moretti, et l’accusation, soutenue par l’avocat général Jacques Santarelli, se sont vigoureusement affrontées, autour d’une table en forme de «L» placée au milieu de la salle d’audience.
«Rien n’est exclu, rien n’est probant», a expliqué mercredi un expert en balistique devant les Assises de Nancy, jetant encore un peu plus de mystère sur les circonstances de la mort de Brigitte Muller au domicile familial d’Ingwiller (Bas-Rhin), dont le mari Jean-Louis comparaît pour la troisième fois pour meurtre.
C’est au pied de cette table, située dans le sous-sol exigu et mal éclairé du pavillon conjugal, que le corps de Brigitte Muller aurait été retrouvé par son mari, selon ses dires, le 8 novembre 1999, un pistolet Magnum 357 entre les pieds. Les murs étaient maculés de sang et de matière organique, les deux tiers du cerveau ayant été expulsés par une balle.
A la barre, devant des tréteaux et planches en contreplaqué, un premier expert, Yves Roedlandt, a estimé «difficilement compatible» avec un suicide la position où a été retrouvée l’arme.
Mais cette affirmation n’est pas catégorique, tant des rebonds sur la table ou sur le sol sont envisageables, l’accusation et la défense se qualifiant tour à tour de «chutologues», supposés experts scientifiques de la chute de l’arme.
«Ce que vous faites, c’est de l’attrape-couillons», a tonné l’avocat général à l’adresse de Me Dupond-Moretti, au cours d’une audience où la tension est montée d’un cran.
Pour l’accusation, différents experts ont souligné le chargement «bizarre» de l’arme, «fait par quelqu’un qui ne connaît rien aux armes, ou qui voulait faire croire qu’il n’y connaissait rien...», selon Yves Roedlandt.
Des jurés médusés
D’après lui, le chargement serait caractéristique de celui utilisé en tir sportif, activité dont Jean-Louis Muller était précisément licencié.
La défense a souligné pour sa part que Brigitte Muller ne connaissait rien aux armes.
De même le tir, effectué «à bout portant», un centimètre maximum, mais non touchant, est la «marque vraisemblable d’un homicide», a estimé M. Roedlandt.
Il a été immédiatement contredit sur ce point par un autre spécialiste, professeur en médecine légale recruté par l’accusé, pour qui il s’agissait «nécessairement» au contraire d’un tir à bout touchant, «vu l’explosion, les blessures».
Devant les jurés médusés, les experts ont joué près de la table le rôle de la victime, celui du tireur étant assuré tour à tour par Jacques Santarelli ou Eric Dupond-Moretti, lorsque ce dernier a voulu démontrer qu’une tierce personne ne pouvait pas se trouver dans la pièce du drame.
Pour l’avocat général, Jean-Louis Muller a tué son épouse depuis l’arrière de la table, dans le coin, le bras tendu, ce qui expliquerait pourquoi la victime a été retrouvée dans l’angle intérieur du «L».
Mais «rien n’est exclu, rien n’est probant», a lâché un autre expert, Christian Schyma, illustrant l’incapacité à rendre incontestable l’une ou l’autre thèse.
«Et si l’on en croit l’accusation, si le tireur était dans l’angle, cela suppose que la victime ait avancé d’un mètre cinquante après le tir avant de s’effondrer, c’est bien ça?», a demandé Me Dupond-Moretti, faussement naïf.
«Ce n’est pas possible», lui a répondu, comme une évidence, le professeur en médecine légale cité par la défense.
Jean-Louis Muller, qui comparaît libre, a déjà été condamné à deux reprises à 20 ans de réclusion criminelle par deux cours d’assises, avant qu’une décision de la Cour de cassation n’ordonne un troisième procès devant les assises de Meurthe-et-Moselle, à Nancy.
Le verdict doit être rendu le 31 octobre


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