lundi 28 octobre 2013

Retour devant la justice pour l'"ex-maître du monde" Jean-Marie Messier

Plus de 11 ans après son départ brutal de Vivendi Universal, l'ex-PDG du groupe, Jean-Marie Messier comparaît à partir de lundi en appel pour répondre une nouvelle fois de sa communication et de ses conditions de départ.
Il fut un temps l'icône du capitalisme français. Omniprésent dans les médias lorsqu'il était PDG de Vivendi Universal, les Guignols de l'Info l'avaient surnommé "J6M" ("Jean-Marie Messier moi-même maître du monde"), un surnom que l'intéressé avait lui-même repris. Entre 1996 et 2002, le brillant énarque et polytechnicien avait réussi à transformer la Compagnie générale des eaux en éphémère géant mondial de la communication, avec notamment le rachat de Canal+ et du groupe canadien Seagram, qui contrôlait le studio de cinéma Universal. Etranglé par les dettes et les pertes, le groupe avait ensuite été contraint à une lourde restructuration. Et J6M était brutalement débarqué en 2002.

Mis en cause pour sa communication lors des derniers mois de son mandat et pour les conditions de son départ, Jean-Marie Messier avait été condamné en janvier 2011 par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans de prison avec sursis et 150.000 euros d'amende pour "diffusion d'informations fausses ou trompeuses aux marchés et abus de biens sociaux". Il avait en revanche été relaxé du chef de "manipulation de cours". Les juges, qui l'ont qualifié de "prestidigitateur de dettes", ont considéré qu'il avait trompé le public et les actionnaires sur l'état de VU, dont il disait qu'il allait "mieux que bien" alors que les créanciers étaient à ses portes. Ils ont retenu contre lui sa tentative d'obtenir sans l'avis préalable du conseil d'administration un parachute doré de 18,6 millions d'euros qualifié d'"abus de biens social".
5 semaines de procès
A compter de ce lundi, l'ex-PDG de Vivendi Universal, aujourd'hui discret banquier d'affaires de 56 ans, comparaît en appel. Le procès, qui se tient devant la cour d'appel de Paris, devrait durer près de cinq semaines. Des presque huit années très riches passées par Jean-Marie Messier à la tête de la Compagnie générale des eaux, devenue Vivendi en 1998, seuls quelques moments choisis seront examinés à l'audience. Ce n'est d'ailleurs pas tant la gestion de M. Messier, notamment l'accumulation de dettes colossales, que sa communication publique qui est ici en cause. Il s'agit de quatre communications institutionnelles, intervenues entre décembre 2000 et avril 2002. Elles ont donné, pour trois d'entre elles, une image fausse de la situation du groupe, a considéré le tribunal en première instance.
  
Les quelque 200 petits actionnaires parties civiles faisaient valoir que cette communication pouvait les avoir incités à conserver leurs actions, alors que la situation de Vivendi Universal se détériorait. Un comportement qui pouvait "à la rigueur" être décrypté par les professionnels de la finance, "mais certainement pas par l'actionnaire individuel, auquel cette communication s'adressait également et qui ne pouvait qu'être trompé par cette présentation tronquée et fallacieuse", avait d'ailleurs estimé les juges de première instance. Pour autant, le tribunal n'a pas fait preuve de la même sévérité au civil, accordant aux petits actionnaires 10 euros de dommages et intérêts par titre détenu, somme qu'ils estiment insuffisante. Ils font valoir qu'en moins de deux ans et demi, l'action est passée de 150 euros (le 10 mars 2000) à 8,6 euros (le  16 août 2002). "Quand il y a eu faute, il doit y avoir réparation intégrale" du préjudice, affirme Me Frédérik-Karel Canoy, avocat de plusieurs dizaines de ces actionnaires anonymes qui réclament 160 euros par action pour leur préjudice. 

 http://lci.tf1.fr/france/justice/retour-devant-la-justice-pour-l-ex-maitre-du-monde-jean-marie-messier-8299790.html

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