lundi 28 octobre 2013

Nancy : Semaine décisive pour Muller

C’est une affaire judiciaire comme il existe peu. Sans aveux, sans témoins. Une affaire à l’ancienne, de huis clos, de traces, de timing. Une affaire de Cluedo. Le Colonel Moutarde, dans la bibliothèque, avec le chandelier…
Brigitte Muller, 42 ans, s’est-elle suicidée, d’un coup de 357 Magnum dans la tête, ce 8 novembre 1999, au sous-sol du domicile familial d’Ingwiller ?
Son mari, unanimement décrit comme colérique et sanguin, l’a-t-il tuée, se livrant ensuite à une macabre mise en scène post-mortem ?
La question demeure à l’aube des quatre derniers jours du procès du praticien, condamné à deux reprises à 20 ans, en 2008 puis 2010, avant que la Cour de cassation n’annule le verdict.
Le médecin assure qu’il a commencé à regarder un film à la télé et qu’« aux alentours de 21 h », il a entendu « un bruit sourd dans la cave ». Il serait alors descendu, aurait pénétré dans la salle de jeux et, au pied de la table en L supportant le train électrique des enfants, aurait découvert son épouse baignant dans une mare de sang, le crâne éclaté.
Depuis des années, Jean-Louis Muller répète à l’envi que son épouse était suicidaire, qu’elle s’était mal remise d’un accident de cheval, avait des problèmes à son travail et consultait un psy.
Le psychiatre qui examiné le dossier médical de Brigitte a, lui, un avis divergent.
Il déposera cet après-midi. Pour lui, l’épouse du docteur Muller n’était pas dépressive. Ce rapport est important dans le cheminement de l’enquête, c’est en effet à sa suite que l’instruction, rouverte en mars 2000 pour « recherche des causes de la mort » a pris la qualification de « meurtre ».

Une arme nettoyée ?

Le médecin a-t-il par ailleurs découvert que sa femme entretenait depuis quelque temps une liaison extraconjugale ? Le jour des faits, Brigitte et son amant ont ainsi été deux fois en relation téléphonique. Pour l’accusation, le mobile n’est pas loin. Et le toubib, au terme d’une discussion animée, aurait abattu son épouse. Tâché de sang, il se serait alors changé avant d’appeler les secours à 21 h 24.
Certains éléments peuvent troubler. Davantage de résidus de tirs sur les mains de Jean-Louis Muller que sur celles de son épouse et surtout aucune empreinte digitale relevée sur le revolver et la valisette qui contenait cette arme.
Une arme qui pourrait avoir été nettoyée, dixit un expert. Impossible selon Me Dupond-Moretti, « il y a de la matière organique dessus ». Les résidus de tir ? Muller assure qu’il a été « contaminé » par le nuage aérosol de poudre qui s’est immanquablement formé après le coup de feu.

Juges et avocate générale à la barre !

Décisive, cette semaine sera sans doute de nouveau marquée par d’intenses palabres, 357 Magnum en main, autour de la fameuse table « en L » installée au milieu de la salle. Elle sera également marquée par les témoignages des parties civiles (aujourd’hui), les expertises psychologique et psychiatrique de l’accusé (demain) mais aussi par les interrogatoires de témoins que l’on a peu l’habitude de voir à la barre d’un prétoire : les deux juges qui se sont succédé à l’instruction mais aussi l’avocate générale Madeleine Simoncello, qui, à l’époque des faits, dirigeait le parquet de Saverne.
C’est elle qui occupait le siège du ministère public lors du second procès du docteur Muller, à Colmar, en juin 2010.
Elle a été citée à comparaître par Me Dupond-Moretti. L’avocat assure avoir « quelques questions à lui poser… »

 http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/10/28/semaine-decisive-pour-muller-vjqs

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